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Episode de neige en plaine : quelles sont les incertitudes ?

Par Gilles MATRICON, météorologue
mis à jour le

Si la fiabilité est bonne pour voir circuler des chutes de neige sur bon nombre de régions entre vendredi et samedi, il reste des incertitudes concernant la tenue ou non de la neige au sol, les hauteurs de neige prévues et l'intensité des précipitations neigeuses.

Une descente d'air arctique concerne la France et l'Europe de l'Ouest au cours de cette fin de semaine, provoquant des conditions hivernales avec une bise de nord glaciale et des chutes de neige qui vont intéresser environ 60 % du territoire. Ensuite un temps plus sec avec un risque important de gel suivre pour les journées de dimanche et lundi matin.

© La Chaîne Météo

Pourquoi la neige est-elle souvent difficile à prévoir et quelles sont les incertitudes ?

L'élément clé pour prévoir l'arrivée de la neige, c'est la température. La neige est observée le plus souvent quand la température est proche de 0°C mais elle peut tomber lorsque les températures sont largement négatives (il s'agit en général d'une neige très fine). Elle peut aussi s'observer dans des conditions de forte instabilité jusqu'à une température de 3-4°C, lors des fameuses giboulées (il s'agit souvent de gros flocons chargés d'humidité ou de neige fondue).

La difficulté de la prévision de la neige, c'est qu'à un degré près, on peut passer de la neige à la pluie ou inversement. La prévision de la température revêt donc toute son importance. Si la température observée est 1 ou 2 degrés au-dessus de la température prévue, l'épisode de neige n'est pas au rendez-vous.

À cela s'ajoute la tenue ou non de la neige au sol. Pour qu'une neige tienne au sol, il est nécessaire qu'il soit froid, c'est-à-dire avec une température proche de 0°C ou négative, ou que les précipitations soient suffisamment intenses pour que la neige parvienne à tenir.

Ce vendredi, les températures prévues lors de l'épisode sont généralement comprises entre 0 et 2°C. Elles permettront de voir tomber la neige, mais on risque d'avoir des différences entre les zones rurales, plus froides, et les agglomérations urbaines. En Ile-de-France, l'îlot de chaleur urbain lié aux chauffages et à la densité du bâti pourra être suffisamment important pour avoir de la pluie ou de la neige fondue dans la capitale et sa proche banlieue, alors que certains plateaux franciliens blanchiront.

L'altitude et la géographie des lieux revêtent aussi toute leur importance. Une élévation de 100 m d'altitude peut permettre à la neige de tenir puisque la température décroit d'environ 0,6°C par 100m. En Ile-de-France, il arrive que la neige ne tienne pas dans certains fonds de vallée alors que les plateaux environnants sont blanchis.

Enfin, l'intensité des précipitations est également un élément à prendre en compte. Dans certaines situations météo, lorsque les précipitations s'intensifient et que l'air froid en altitude finit par gagner le sol (phénomène d'isothermie), la neige peut rapidement tenir. Quand les chutes de neige sont faibles, si le sol ne s'avère pas très froid et les chaussées humides, la neige a bien du mal à tenir. Pour l'épisode de ce vendredi, c'est entre le Nord-Pas-de-Calais, l'ouest du Bassin parisien et les collines normandes que l'on attend les plus fortes intensités avec un risque important de tenue au sol. Les chutes de neige s'annoncent plus faibles avec des températures un peu moins basses sur l'agglomération parisienne et la partie est du Bassin parisien, la neige aura donc du mal à tenir au sol.

En quoi la neige au printemps n'a pas les mêmes conséquences qu'en hiver ?

Au printemps, la durée du jour et de l'ensoleillement est plus importante qu'en hiver. La moindre éclaircie réchauffe plus facilement les basses couches de l'atmosphère qu'en hiver où le soleil est bas sur l'horizon et beaucoup moins puissant. Au printemps, il est rare qu'une neige tombée dans la nuit ou la matinée puisse tenir jusqu'au soir. Les journées sans dégel sont d'ailleurs extrêmement rares en plaine, voir inexistantes sur pas mal de régions. Seules les plus grosses chutes de neige avec des températures basses en journée peuvent permettre à la neige de se maintenir durablement.

Un risque important de gel va suivre cet épisode de neige. La situation est-elle fiable et à quelles valeurs faut-il s’attendre ?

Oui, la situation est fiable concernant le contexte météo général avec le retour temporaire d'un temps plus sec et froid dimanche et lundi, sous l'influence d'une petite poussée anticyclonique. Avec un ciel qui deviendra plus dégagé pendant la nuit, il faut s'attendre à des gelées assez marquées (-1 à -4°C) sur de nombreuses régions. La matinée de lundi devrait être la plus à risque pour les cultures et les arbres fruitiers en raison de l'avance de la végétation liée à la douceur de ces derniers jours. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle de l'année dernière où des gelées destructrices avaient eu lieu les 6-7 avril 2021.

Gel sur les fruitiers et la vigne © La Chaîne Météo

Vous annoncez un net redoux en milieu de semaine prochaine : le printemps s’installe-t-il pour de bon ?

Si les températures remontent pour se rapprocher des normales de saison, le temps restera assez perturbé avec des passages de pluie en plaine et de neige en montagne. On ne retrouvera donc pas de beau temps printanier durable, comme on a pu le connaître dans le courant du mois de mars.

N'hésitez pas à consulter notre tendance pour les quatre prochaines semaines, incluant les vacances de Pâques. À cette occasion, la neige qui revient sur toutes nos montagnes fera certainement la joie des vacanciers dans les stations de sports d'hiver.

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