Quel risque de canicule pour Juin ?
Alors que les températures retrouvent des couleurs en cette fin mai, après des semaines de temps frais et humide sur notre pays, vous êtes nombreux à nous demander si le mois de juin pourrait présenter un risque de canicule, d’autant plus que certains modèles de prévisions saisonnières envisagent un été chaud et sec. A ce jour, quelques éléments de réponse se dessinent pour ce premier mois de l’été météorologique.
Le mois de mai présente un déficit thermique de l’ordre de -1,4°C sur l’hexagone, et ce ne sont pas les quelques jours de beau temps à venir qui vont changer cette moyenne. Cependant le retour du beau temps et la hausse des températures à venir pourraient laisser craindre, pour ce mois de juin, de voir ressurgir le spectre des fortes chaleurs. En effet le premier mois de l’été météorologique a souvent été marqué par des canicules précoces, même après des printemps frais et dans un contexte où le réchauffement climatique en France est particulièrement marqué pour les mois de juin.
© La Chaîne Météo
Juin : un mois propice aux premières canicules de l’été
Rappelons d’abord la différence entre les coups de chaud et les canicules. On parle de canicule lorsqu’une vague de chaleur atteint des niveaux particulièrement élevés, sur une durée assez longue (au moins trois jours et trois nuits de suite) et sur une zone géographique étendue. Une canicule est donc une vague de chaleur de grande ampleur, tandis que le coup de chaud sera juste un pic d’un jour ou deux. Il existe à ce sujet des seuils de températures par départements, définis par les Pouvoirs Publics, à partir desquels on parle de canicule.
Si les mois de juillet et d’août sont les plus propices aux canicules, les mois de juin peuvent en connaître également. Cela fut surtout vrai ces dernières années dans un contexte d’étés remarquablement chauds, mais on en retrouve de nombreuses dans le passé et souvent beaucoup plus longues que les récentes.
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Parmi les principales canicules survenues en juin on retiendra celles de juin 1947, 1976, 2003, 2005, 2006 et plus près de nous 2017 et 2019.
Celle du mois de juin 1947, torride, a vu les températures atteindre 38°C à Paris et Bordeaux et jusqu'à 40°C à Auxerre. L’été 1976, celui « de la grande sécheresse », en particulier sur la moitié nord de la France, a connu un mois de juin également très chaud avec des températures fréquemment comprises entre 33° et 35°C. Le mois de juin 2003 a lui été marqué par des chaleurs caniculaires en particulier dans le sud et l’est, avec un nombre record de jours supérieurs à 30°C. A ce jour, il s’agit du mois de juin le plus chaud enregistré en France.
Les mois de juin 2005 et 2006 ont connu de véritables canicules avec des températures souvent comprises entre 35 et 40°C, en particulier au sud-est et en vallée du Rhône (plus de 30°C tous les jours à Lyon en 2006).
Plus près de nous, celui de 2017 avait été très chaud avec une canicule du 18 au 22 juin (38°C en région parisienne et 40°C dans le Gard) tandis que celle de 2019, plus courte, a pulvérisé tous les records de chaleur absolus en établissant le record de plus forte chaleur en France métropolitaine avec 45,9 °C à Gallargues-le-Montueux (Gard).
On le voit, la survenue d'une canicule en juin ne serait pas un fait nouveau, mais a-t-on déjà des indicateurs permettant de le prévoir à ce jour ?
Juin 2021 : un mois assez chaud en prévision
Une canicule ne peut pas se prévoir plus de 8 jours à l'avance, car sa survenue dépend de la mise en place des centres d'action (les anticyclones et les dépressions) qui peuvent bouger en quelques jours, mais il est possible de dégager des tendances avec des périodes qui y seraient propices au vu de nos prévisions à long terme.
A ce sujet, notre tendance à 4 semaines fait ressortir une évolution météo en dents de scie avec une alternance de chaudes journées suivies d'orages puis de jours plus frais. Cette variation est due à l'évolution de la position d'un anticyclone, oscillant entre l'Atlantique et l'Europe centrale et favorisant des flux de nord-ouest à nord-est sur la France en véhiculant de l'air tempéré. Mais nous remarquons aussi, que depuis plusieurs semaines de très fortes chaleurs se sont accumulées sur l'Afrique du nord et ont tendance à remonter désormais sur l'Espagne. Cela constitue un réservoir de chaleur pour notre pays lorsque le flux s’orientera au sud. Le risque de fortes chaleurs est donc présent. C’est ensuite la durée de ces périodes chaudes qui permettra de parler, ou non, de canicule.
On s’oriente vers un mois de juin estival marqué par de belles périodes ensoleillées, entrecoupées d'autres orageuses. Si les fortes chaleurs semblent toutefois devoir être tempérées par la présence d'un air océanique, des coups de chaud semblent inévitables en particulier sur les régions du sud-est et dans le couloir rhodanien. Dans ce contexte, il conviendra de surveiller une possible période de forte chaleur à la mi-juin puis en fin du mois. Les dégradations orageuses devraient cependant limiter les durées de ces pics de chaleur, mais à l'inverse induire davantage des séquences de temps lourd et humide avec un ressenti souvent désagréable. Les températures de ce mois de juin pourraient être ainsi supérieures à la normale, de l’ordre de +0,5° à +0,8°C, ce qui n’est pas notable mais suffisant pour permettre l’occurrence de courtes vagues de chaleur potentiellement intenses.