Climat Australie 2019 : une circulation atmosphérique particulière
L'Australie est toujours sous le coup de nombreux feux de forêt. Ces incendies s'expliquent surtout par une sécheresse record pour le continent en raison d'une configuration climatique particulière.
Outre le réchauffement climatique, la circulation atmosphérique générale de l'année 2019 en Australie a permis la survenue et la persistance de conditions sèches et chaudes : deux paramètres reconnus comme étant des facteurs aggravants des incendies de forêt en cours.
Une phase positive du dipôle de l'océan Indien
Le climat de l’Australie est entre autres conditionné par la différence de température des eaux de surface qu’on retrouve dans la partie occidentale, vers l’Afrique, et orientale, vers l’Australie et l’Indonésie, de l’océan Indien. C’est ce qu’on appelle le dipôle de l’océan Indien.
Or, une phase fortement positive de cette circulation atmosphérique s’est mise en place en 2019. Cette phase se produit quand les vents d’ouest faiblissent au niveau de l’équateur, permettant aux vents d’est de se lever et de repousser les eaux chaudes vers le continent africain. Du même coup, il se produit une remontée des eaux issues des profondeurs (upwelling), plus fraîches donc, du côté australien et indonésien.
© La Chaîne Météo
Des mouvements descendants ou conditions anticycloniques se produisent en conséquence sur la partie orientale de l’océan Indien dont l’Australie fait partie, affaiblissant les remontées humides, la formation de nuages et de précipitations sur l’île-continent. Ces conditions favorisent les épisodes de sécheresse sur l’île-continent notamment au Territoire du Nord, à Victoria, les régions centrales de l’Australie et aussi la Nouvelle-Galles du Sud. Des températures anormalements élevées ont également plus de chances de se produire sur le sud et surtout le sud-ouest lorsqu’une phase positive du dipôle Indien se produit.
© Bureau of Meteorology
En 2019 où le dipôle de l’océan Indien s’est trouvé dans une phase fortement positive. Le printemps (correspondant au mois de septembre à novembre) a été le plus sec jamais enregistré depuis le début des relevés. L’ouest de l’Australie a été particulièrement touché, enregistrant sa moyenne de température la plus élevée et la plus sèche pour la saison. Pour l’ensemble du pays, il s’agit du 5e printemps le plus chaud. Tout ceci s’explique en partie par la mise en place de cette phase fortement positive du dipôle de l'océan Indien au cours de cette période. La valeur de l'index a même atteint des sommets rarement vus au cours du printemps, avec une anomalie positive de +2,3°C en octobre.
Une autre circulation a contribué aux feux actuels : une oscillation antarctique en phase négative.
Des vents forts d'ouest arides sur la côte est et sud-est : une phase fortement négative de l'oscillation Antarctique
Plus connu en Australie sous le nom de Southern Annular Mode (SAM), cette circulation atmosphérique générale s’intéresse aux variations de pression sur l’Antarctique et les eaux méridionales de l’Australie qui influent en retour sur la position des vents d’ouest. Quand une phase négative de l’oscillation antarctique se produit, les pressions sont anormalement élevées en Antarctique, ce qui provoque des basses pressions sur les eaux méridionales de l’Australie. Cette phase négative permet aux vents d’ouest (westerlies) de remonter plus au nord que la normale, plus précisément sur l’Océanie. Ces vents, parfois forts, soufflent de l’intérieur des terres arides du désert australien vers la frange littorale de la Nouvelle-Galles du Sud. L’air apporté est très chaud et sec, favorisant la survenue d’épisodes caniculaires intenses et des conditions sèches sur tout le sud-est et l’est de l’Australie. Parallèlement, si des feux de forêt se produisent, plus connus sous le nom de bush fire ou feux de brousse, les vents forts attisent les flammes et les propagent vers les zones habitées du littoral oriental ainsi que les fumées toxiques qui s’en dégagent.
La concomitance de ces deux phases, fortement positive pour le dipôle de l’océan Indien, et fortement négative pour l’oscillation Antarctique, ont contribué à une année 2019 record autant pour la sécheresse que pour la chaleur.