Tempête Klaus : des vents à 190 km/h le 24 janvier 2009
Le 24 janvier 2009, le sud-ouest de la France connaissait l'une des pires tempêtes de son histoire moderne. D'une intensité comparable à Lothar et Martin en décembre 1999, elle a provoqué des dégâts sans précédent.
Une petite dépression particulièrement creuse, bien anticipée par les modèles de prévision à l'époque, s'est creusée très rapidement sur le golfe de Gascogne fin janvier 2009. Elle a frappé les régions de la côte Aquitaine en fin de nuit avec des rafales atteignant 172 km/h au Cap-Ferret (Gironde) et 174 km/h à Biscarrosse (Landes). Ensuite, c'est tout le quart sud-ouest qui a été durement touché jusqu'en mi-journée. La station de Bordeaux a battu son record absolu avec 163 km/h et les rafales ont approché les 150 km/h dans l'intérieur du Gers mais aussi à Saint-Félix-du-Lauragais (Haute-Garonne). En début d'après-midi, la tempête a gagné l'Aude, puis le Roussillon, où elle a atteint son paroxysme. Des valeurs remarquables de 191 km/h à Formiguères (Pyrénées-Orientales) et au Cap-Béar (Pyrénées-Orientales), 186 km/h à Gruissan (Aude) et jusqu'à 184 km/h à Perpignan (Pyrénées-Orientales), ont été enregistrées avant que l'anémomètre ne s'envole !
11 morts et la forêt des Landes dévastée
Les dégâts sur la forêt landaise ont été considérables, bien plus importants qu’en 1999, et 11 personnes ont trouvé la mort. Pour les assurances, c'est un coût de 1,4 milliard d'euros qui a du être assumé. Si moins de régions ont été touchées qu'en 1999, l'impact a été tout aussi considérable de l'Aquitaine à la région Languedoc-Roussillon, en passant par Midi-Pyrénées. Avec des rafales qui ont atteint plus de 190 km/h, certaines forêts ont été détruites à plus de 90 %. Selon l’Office National des forêts, pour les professionnels du bois, il s’agit d’une perte équivalente à quatre ans de récolte. Au niveau environnemental, les arbres de la forêt des Landes faisaient office de "pompes à carbone", indispensables outils naturels de traitement des substances néfastes présentes dans l’atmosphère. Selon le syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, 10 à 15 ans minimum seront nécessaires pour régénérer les massifs touchés.
Insolite : des touristes en plus…et une île !
Si les conséquences ont été dramatiques, on en note également des insolites : la tempête Klaus qui a frappé les Landes a généré un afflux massif de clientèle dans les hôtels de la région au cours des mois qui ont suivi. Perceptible dès le mois de janvier 2009 avec une augmentation du nombre de nuitées de 35 % par rapport à janvier 2008, cet afflux de touristes s'est prolongé en février (+ 38 %), mois au cours duquel se sont poursuivies les interventions massives destinées à traiter les plus gros dégâts subis par le massif forestier. Elan de solidarité des Français désireux de relancer l’économie locale, ou simple esprit de curiosité, difficile de définir les motivations des vacanciers… Encore plus étonnant, quelques mois après le passage de la tempête Klaus, une île a surgit au milieu de l’estuaire de la Gironde : «ce sont les plaisanciers qui nous ont signalé l’apparition de cette île très peu de temps après le passage de la tempête. Il y avait avant un banc de sable visible à marée basse, il est subitement devenu visible à marée haute. Nous savons que l’érosion marine s’accentue avec le réchauffement climatique. Le recul de la Terre varie de 5 à 10 mètres dans notre région, et jusqu’à 30 mètres pour certains secteurs. L’ensemble de ces sables partent avec des courants de dérives littorales. Lorsque les courants se contrarient, cela forme un banc de sable. Dans le cas de l’île qui nous intéresse, le sable est resté bloqué par le phare de Cordouan. Le passage de la tempête Klaus a eu pour conséquence d’accélérer ce mouvement» explique Jean-Marc Thirion, naturaliste et directeur de l'association Objectif Biodiversité. Loin d’être un simple banc de sable figé, l’île située à 9,5 km du port de Royan continue d’évoluer, avec le développement de la flore et la faune.