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Hémisphère Nord : vers un hiver historiquement doux ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Alors que le phénomène El Nino se poursuit dans l'océan Pacifique, le climat de la planète semble être au plus chaud en cette année 2015. A ce sujet, l'hiver 2015 - 2016 pourrait être d'une remarquable douceur sur l'hémisphère nord. Analyse de La Chaîne Météo.

© La Chaîne Météo

Au niveau planétaire, 2015 pourrait bien battre le record absolu de l'année la plus chaude depuis le début des relevés modernes (globalement admis à compter de 1880 ou de 1900, voire seulement à partir des années 1950 pour les stations les moins anciennes). Concernant la France, le bilan 2015 pourrait être plus mitigé en raison d'un hiver qui fut "normal" et d'un début d'automne plus frais, mais les mois d'avril à août ont connu tout de même un excédent thermique remarquable. En France, avec une anomalie actuelle de +0,5°, l'année 2015 pourrait se situer aux alentours du 8ème rang des années chaudes.

Vers une année sans hiver?

A l'heure actuelle, les principaux modèles numériques de prévisions saisonnières pour l'hiver 2015 - 2016 prévoient une douceur persistante et surtout généralisée au niveau de l'hémisphère nord, ce qui n'était pas le cas ces dernières années : il y avait des poches de froid récurrentes (Etats-Unis, Québec par exemple) qui pourraient ne pas se reproduire cette fois.

Cependant, l'anomalie froide des eaux de l'Atlantique Nord pourrait se maintenir tout l'hiver, générant une zone froide entre le Groënland, le nord du Québec, l'Islande, voire les îles britanniques : l'impact de cette anomalie pour l'hiver en Europe de l'ouest reste encore assez mal cerné.

La banquise arctique en pleine expansion

Dans l'hypothèse où l'hémisphère nord connaitrait une "année sans hiver", les zones polaires pourraient néanmoins bien s'en sortir: en effet, la circulation atmosphérique "circum-polaire" (c'est à dire: les vents qui font le tour de la planète en générant des vents d'ouest dominants) pourrait isoler l'Arctique de cette douceur ambiante et maintenir le froid aux hautes latitudes : c'est ce qui semble déjà se produire depuis le mois de septembre, avec une extension rapide de la banquise arctique (qui atteint actuellement sa surface la plus étendue de la décennie pour cette période de l'année) (1) tandis que le Groenland a battu en octobre des records de froid (jusqu'à -55°). De même, bien que sans rapport, la NASA indique également dans une étude que la masse glaciaire de l'Antarctique ne fait que croître, battant des records datant de 1979.

On le voit, un cycle d'hivers doux aux latitudes tempérées n'est pas forcément corrélé à la rigueur des hivers polaires.

Des incertitudes qui persistent

Les modèles numériques envisagent donc majoritairement un hiver globalement doux pour l'hémisphère nord, ce que nous confirmons aussi pour la France dans nos prévisions saisonnières, qui sont actualisées le 10 de chaque mois. Mais il subsiste une vraie marge d'incertitude, notamment en liaison avec la poursuite du phénomène El Nino dans le Pacifique : pour l'Europe, dans 40% des cas, les hivers sont très froids en période El Nino (mais ce n'est pas majoritaire en effet). Comment se comportera la bulle froide présente au niveau de l'Atlantique Nord? Assistera t'on encore une fois à un décrochage du "vortex polaire" sur le Québec? Autant de questions qui restent, dans la limite de l'état de l'art, encore sans réponse.

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