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Orages 2015 en France et changement climatique : quel lien ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Bien que la saison des orages ne soit pas terminée, un premier bilan provisoire permet de voir que l'année 2015 ne sera pas dans le podium des années les plus orageuses, contrairement à ce qu'annoncent certains médias. Analyse de La Chaine Météo.

La saison orageuse en France se déroule essentiellement pendant les mois d'été, car la chaleur est le "carburant" des orages. Ainsi, il est logique que les étés les plus chauds soient les plus orageux, mais ce n'est pas toujours le cas : ainsi, cette année - pourtant exceptionnellement chaude - s'annonce au final moins orageuse que l'année dernière. Attention toutefois : l'été n'est pas fini et l'automne peut présenter aussi de grandes vagues orageuses, en particulier dans le sud.

Une répartition très chaotique cette année

© La Chaîne Météo

Cette année est assez atypique : si le nombre de jours d'orage a été à peu près dans les normales en hiver (avec des orages essentiellement côtiers), le printemps a été très calme et peu orageux, avant le pic brutal du mois de juin.

Ensuite, le mois de juillet redevient plutôt calme malgré la chaleur, présentant un déficit du nombre de jours d'orage par rapport à la moyenne. Le mois d'août est le mois le plus orageux de l'été 2015, mais restant encore légèrement déficitaire en jours d'orage par rapport à la moyenne 2000 - 2015. Cependant, on note deux grandes vagues orageuse : le 13 et le 31 août. Celle du 13 figure même dans les records des journées les plus orageuses depuis 2009 (1).

La répartition géographique des orages est également assez atypique : les orages ont circulé plus au sud que d'habitude, essentiellement sur le sud et le centre-est, alors que la trajectoire habituelle s'étend du sud-ouest au nord-est de la France, en passant par le bassin parisien. Le déficit d'orage sur cet axe correspond aux régions ayant souffert de la sécheresse estivale.

Des records de précipitation

Si l'activité électrique est restée plutôt modeste sur l'ensemble de l'année jusqu'à présent, on a observé des records ponctuels d'intensité pluviométrique au passage de certains de ces orages : ainsi, le 23 août, Montpellier bat un record d'intensité horaire (avec 108 mm), ce qui constitue un record de pluie pour un mois d'août (le dernier gros épisode comparable remontant au 29 septembre 2014 avec 299 mm en 24h). Puis, la récente vague orageuse au sud-ouest a généré des précipitations remarquables, mais le phénomène principal fut le vent, dont les rafales ont atteint des valeurs records (jusqu'à 150 km/h).

En outre, certains de ces orages ont occasioné quelques records mensuels de pluviométrie, comme à Niort (avec 173 mm pour ce mois d'août dont 65 mm au passage des orages du 31 août).

Indiquons enfin que le nombre de jour de chute de grêle est, lui aussi, inférieur aux normes sur notre pays, ce qui constitue une bonne nouvelle notamment en cette période de vendanges.

Géographie des orages en France

© La Chaîne Météo

Statistiquement, les régions les plus orageuses en France sont les zones de montagnes et au climat continental: les Alpes du sud sont la zone la plus orageuse de notre pays. Au nord de la Loire, les orages éclatent surtout de la Normandie à la Belgique, tandis que le bassin parisien est moins exposé. En hiver, les orages éclatent essentiellement en bord de mer, car la température de l'eau restant plus douce agit comme le moteur de ces orages.

Evolution depuis 15 ans

Ces 15 dernières années présentent une activité orageuse assez inégale en France. Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Les 2 années records sont 2006 (l'été fut très chaud et très orageux) puis 2014 (malgré des températures nettement moins chaudes). Certaines années furent très peu actives (2002, 2008) (2).

Aucune tendance de fond ne se dégage vraiment : on ne peut donc pas dire que le changement climatique se traduise par une recrudescence orageuse sur notre pays, à l'instar des Etats-Unis, où le nombre de tornade serait moindre que par le passé.

De même, depuis ces dernières années, le nombre de phénomènes violents dans l'hémisphère nord n'est pas en augmentation : le nombre d'ouragan est très inférieur à la normale dans l'Atlantique, alors qu'il est supérieur dans l'océan Pacifique. L'une des raisons de cette disparité est le phénomène El Nino en cours, qui a pour conséquence de réduire la formation des tempêtes tropicales dans l'Atlantique.

(1) Keraunos, l'Observatoire français des tornades et orages violents

(2) Météorage , partenaire de Météo Consult

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