Cratères géants en Sibérie : le changement climatique en cause ?
Plusieurs trous béants se sont creusés de façon inattendue ces derniers jours dans le sol de l’extrême nord de la Sibérie. La formation de ces «cratères» serait liée à la fonte du pergélisol, et donc au changement climatique.
Trois cratères se sont déclarés ces dernières semaines dans le Nord de la Sibérie, dans la Péninsule de Yamal, le District de Taz, et enfin la péninsule de Taymyr. Les proportions de ces trous béants sont assez impressionnantes, avec par exemple pour le plus large des trois une profondeur de 70 m et un diamètre de 30 m.
Les conséquences du changement climatique
D’après de nombreux scientifiques, il s’agit en réalité de la résultante du changement climatique. Effectivement, dans ces régions froides de l’hémisphère nord existe ce que l’on appelle le pergélisol, un sol constamment gelé sur des centaines de mètres de profondeur. Hors, celui-ci agit comme couvercle concernant les gaz naturels, et notamment le méthane enfouis dans le sol.
Avec la fonte progressive du pergélisol, ces gaz progressent vers la surface, et parfois sont relâchés violemment, provoquant un dégazage spectaculaire à l’origine de ces trous béants.
Bombes à retardement ?
Au-delà de l’ouverture de ces cratères, qui n’embarrassent pas énormément de monde dans ces paysages de steppe très peu peuplés, c’est un autre problème qui inquiète les spécialistes.
Effectivement, les gaz relâchés sont d’autant plus problématiques, qu’il s’agit de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2), ou le méthane (CH4), un gaz 25 fois plus puissant que le CO2 concernant l’effet de serre.
Avec environ 20 millions de km² de terres gelées dans le grand nord russe, les scientifiques estiment qu’environ 1700 milliards de tonnes de carbone (d’origine organique) sont enfouies dans les profondeurs de Sibérie, soit deux fois plus que ce que contient actuellement l’atmosphère. Avec la fonte du couvercle de glace, un dégazage massif pourrait amplifier le changement climatique, qui lui-même amplifierait la fonte du pergélisol. Une réaction en chaine très inquiétante…
Reste à savoir dans quelles proportions ces gaz seront relâchés, et à ce sujet, les spécialistes sont moins pessimistes qu’auparavant : les projections montrent effectivement qu’une bonne partie des composés organiques présents dans le pergélisol auront du mal à se décomposer et former des gaz, y compris en cas de fonte, avec donc un impact moins important sur l’effet de serre que ce qui était envisagé.