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Vers une année et un automne records : pourquoi a-t-on autant de pluie cette année ?

Florent SCHINDLER

Par Florent SCHINDLER,
mis à jour le

Alors que le sud de la France subit actuellement un épisode particulièrement pluvieux, faisant suite au passage de la dépression Kirk la semaine dernière, la pluviométrie de cette année 2024 devrait rester dans les annales. Comment expliquer une telle récurrence d'épisodes pluvieux depuis un an ?

L'année 2024 s'annonce avec une pluviométrie très excédentaire © Image d'illustration / Adobe Stock

La Chaîne Météo : 2024 pourrait finir avec un excédent de pluie record, septembre a été le plus pluvieux depuis 1999, comment s'annonce octobre ?

Régis Crépet : Le mois de septembre a été le plus pluvieux depuis 1999. Le cumul moyen observé à l’échelle de la France depuis le 1er janvier fait déjà figurer cette année 2024 dans le top 5 des années les plus humides depuis 1985. Octobre est bien parti pour prolonger cette tendance. En effet, bien que les prévisions pour la dernière décade paraissent moins perturbées, le retour durable d’un anticyclone n’est pas envisagé. On pourrait donc finir avec une pluviométrie excédentaire de l’ordre de 50 à 80 % à l’échelle nationale.


Au 12 octobre 2023, 83 départements étaient en situation de sécheresse. Comment se fait-il que nous ayons autant de pluie cette année ?

Alors que l’été et le début de l’automne 2023 avaient été caractérisés par de la chaleur tardive, et la poursuite d’une sécheresse particulièrement notable au sud-est, un changement radical de configuration météo s’est opéré à la mi-octobre 2023, il y a un an jour pour jour. Les perturbations océaniques sont revenues, et le défilé ne s’est pas arrêté. Souvenez-vous, le mois de novembre 2023 a même connu des pluies records, avec des inondations catastrophiques dans le Nord et le Pas-de-Calais, qui se sont répétées en janvier.

Depuis cette bascule, le temps est resté durablement perturbé sur la France, y compris pendant l’été. Aucun blocage anticyclonique n’a réussi à s’imposer sur l’Europe de l’Ouest, laissant la porte ouverte aux perturbations océaniques, et à celles remontant de Méditerranée. Cette tendance se poursuit actuellement.


Est-ce que cette récurrence d'épisodes pluvieux est exceptionnelle ?

Oui, si la récurrence de sécheresses et de canicules était remarquable en 2022 et 2023, la persistance du défilé des perturbations depuis un an est tout aussi notable.

Notre climat est généralement rythmé par une alternance de périodes calme et de passages perturbés. Mais, depuis un an, aucune période anticyclonique n’a réussi à s’imposer durablement. À l’échelle de l’année, cette durée quasi ininterrompue est remarquable. On a quelques équivalents entre 2000 et 2002, puis entre 2013 et 2016. Auparavant également. La décennie 1990 avait connu des années extrêmement pluvieuses et perturbées, au sein desquelles de violentes tempêtes s’étaient produites, comme en 1999. A l’échelle de l’automne, la pluviométrie sera vraisemblablement remarquable aussi, à moins que novembre, prévu plus sec, rétablisse un relatif équilibre.

À ce jour, la combinaison des pluies méditerranéennes, du retour du flux océanique (appelé flux zonal) et la remontée d’anciens phénomènes cycloniques comme Kirk aboutit à cette pluviométrie notable qui a débuté dès septembre, de façon précoce dans la saison.


Que ce soit pour les épisodes de sécheresse ou d'inondations, comment le changement climatique peut-il exacerber ce type de situations ?

Le changement climatique se superpose à la variabilité naturelle et semble exacerber les extrêmes. Que ce soit à l’échelle de la France ou planétaire, on assiste à des phénomènes plus accentués, bien qu’ayant toujours existé. Notre pays a toujours connu des phases de sécheresses (comme autour des années 1940 et 1950) et des phases de grande pluviométrie (années 1910 puis 1980 par exemple). Mais, il semblerait désormais que l’on passe d’un extrême à un autre en quelques mois ou années seulement. Ainsi, des périodes de très faibles précipitations alternent avec des années très pluvieuses, ce que l’on constate notamment depuis le début des années 2000.

Bien qu’il soit difficile de mettre en exergue une réelle évolution des précipitations annuelles moyennes en France, la tendance au réchauffement est, en revanche, flagrante. On remarque que les précipitations sont plus intenses lorsque les conditions météo y sont propices. Ce constat est lié au fait que l’air plus chaud contient davantage de vapeur d’eau, donc un potentiel d’eau précipitable plus important lorsqu’un épisode pluvieux se déclenche. C’est un peu la même chose pour les ouragans, qui ne sont pas plus nombreux, mais plus intenses et destructeurs, comme on l'a vu récemment aux États-Unis avec les ouragans Hélène et Milton.

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