Ouragan Béryl : situation critique en Jamaïque ces prochaines heures

Béryl, qui se déplace entre 30 et 40 km/h en direction de l'ouest, se situait ce mercredi (heure de Paris) au large est de la Jamaïque après une journée très difficile en raison des orages, des vents violents et surtout de la houle de tempête qui a submergé les zones littorales, y compris sur le Venezuela situé au sud du système. C'est le premier ouragan à atteindre le stade 5/5 aussi tôt dans la saison cyclonique, un record. La Martinique et la Guadeloupe avaient subi lundi une forte houle cyclonique (vagues de 4 à 5 m) inondant les zones portuaires tel un "tsunami", et d'un vent qui a atteint 100 km/h sur le sud de l'ile.

La Jamaïque touchée ce mercredi soir et dans la nuit

L'ouragan Béryl va passer sur la Jamaïque ce mercredi soir et dans la nuit. © tropic.ssec.wisc.edu

La Jamaïque connait une situation très dangereuse ce mercredi. L'ouragan Béryl devrait passer au sud immédiat de l'île en fin de journée et cette nuit (heure de Paris) en catégorie 4/5, avec des rafales de vent proches de 200 km/h. Le secteur de Kingston, la capitale, est particulièrement exposé à la fois aux pluies torrentielles, aux vents de force ouragan et surtout à l'onde de tempête qui pourrait submerger la zone portuaire. On attend des cumuls de pluie de l'ordre de 150 mm au passage de l'ouragan.

Demain jeudi, Béryl poursuivra sa trajectoire plein ouest, et commencera à faiblir très lentement. Il restera un ouragan majeur de catégorie 4/5, qui devrait atteindre la catégorie 3/5 d'ici à jeudi matin en se dirigeant vers la pointe mexicaine du Yucatan. A ce moment-là, il pourrait rétrograder en catégorie 2/5 jeudi soir.

L'ouragan est passé mardi entre les îles de Grenade et de Sainte-Lucie. Il a donc touché de plein fouet la Jamaïque cette nuit après avoir touché l'île de Grenade ainsi que Saint-Vincent-et-les-Grenadines avec des vents supérieurs à 200 km/h.

Comment expliquer l'intensification brutale de cet ouragan ?

Le développement explosif de Béryl s'explique par plusieurs paramètres, et notamment par des eaux anormalement chaudes pour la saison dans la mer des Caraïbes (+2 à +3°C au-dessus des normales). Or, la température de l'eau joue un rôle crucial dans le développement des ouragans.

En effet, pour qu'un ouragan se développe, la température de l'eau de surface doit dépasser 26,5°C sur une profondeur d'au moins 60 mètres. Ces conditions favorisent l'évaporation. En montant, cet air se refroidit, provoquant la condensation de la vapeur d'eau qui libère de l'énergie sous forme de chaleur. À son tour, cette chaleur renforce l'ascension de l'air, provoquant des vents violents et de fortes pluies. Ce cercle vicieux permet à l'ouragan de se former et de gagner en puissance. Plus l'eau est chaude et sur une grande profondeur, plus l'ouragan a de carburant pour l'alimenter. Précisons que ces températures élevées de la mer se manifestent depuis plusieurs mois avec de nombreux records déjà battus.

L'autre paramètre qui a favorisé le développement de Béryl est le phénomène climatique La Niña, qui provoque des situations météorologiques plus favorables à l'apparition de cyclones dans cette partie du globe.

Béryl est le deuxième ouragan de catégorie 5 à se manifester en juillet, après l'ouragan Emily en 2005. Emily avait généré des vents à 260 km/h, et entraîné la mort de 17 personnes, avec des dégâts estimés à plus d'un milliard de dollars.

Ouragan Béryl : températures anormalement chaudes du golfe du Mexique. © gmatricon