Temps perturbé : pourquoi le printemps n'arrive pas à s'installer
Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le
Bien que les températures de ce mois de mars soient globalement encore supérieures aux normales de saison, les fréquentes perturbations ne permettent pas de profiter de l'avancée dans la saison. Le ressenti n'a rien de printanier avec l'ambiance humide et venté. Les beaux jours se font attendre et la situation ne va pas s'améliorer de sitôt.
Les derniers printemps avaient été particulièrement doux et bien ensoleillés, surtout en 2022. L'année dernière, il avait été assez humide au nord de la France, mais très sec au sud, ce qui est la principale différence avec cette année, où seul le Roussillon subit encore la sécheresse. Les perturbations n'en finissent pas de traverser le pays, ce qui est une bonne nouvelle pour le remplissage des nappes phréatiques, mais votre ressenti est souvent contrarié par le mauvais temps. À quelques jours du long week-end de Pâques, et à 15 jours du début des vacances scolaires, aucune amélioration ne se profile à l'horizon. Les raisons de ces journées maussades à répétition sont multiples.
L'anticyclone des Açores aux abonnés absents.
Anomalies de géopotentiels © La Chaîne Météo
L'anticyclone des Açores est le garant du beau temps en Europe de l'Ouest. Or, depuis le début de ce mois de mars, il n'arrive pas à s'installer, avec une anomalie de basses pressions proche des records pour cette époque de l'année. Au contraire, de vastes dépressions circulent et moulinent sur l'océan Atlantique, propulsant des perturbations vers la France, la péninsule ibérique et le Maroc. Pour ces zones qui restaient encore très sèches, ces passages pluvieux récurrents sont une très bonne nouvelle.
Le jet stream ondule à travers tout l'Atlantique.
Les centres d'action (anticyclones et dépressions) sont pilotés par les vents forts qui circulent en haute altitude, ce que l'on appelle le jet stream. On remarque à ce sujet, depuis au moins une décennie, une grande variabilité de ce jet stream. La normalité voudrait qu'il circule d'ouest en est, propulsant les perturbations de l'Atlantique vers l'Europe du Nord. Or, on constate bien souvent qu'il forme des méandres, plongeant de l'Atlantique Nord jusqu'en méditerranée. Cela se traduit par un défilé de perturbations qui concerne l'ensemble de notre pays, du nord au sud et provoque des épisodes pluvieux jusqu'au sud du pays en ce mois de mars.
Une possible amélioration pour la seconde quinzaine d'avril
Nos prévisions à court terme n'envisagent pas d'accalmie durable pour les prochains jours, avec un week-end de Pâques perturbé, mais doux en raison d'un flux majoritairement orienté au secteur sud-ouest. Cette douceur pourrait d'ailleurs provoquer des dégradations orageuses, un peu comme l'année dernière où le mois de mars avait battu un record de foudroiement.
À plus long terme, l'anticyclone ne semble pas vouloir regonfler sur la France, au moins durant la 1ʳᵉ décade d'avril. En revanche, les conditions météo pourraient ensuite se calmer progressivement, avec une seconde quinzaine plus printanière que la première, ce que nous vous confirmerons dans le courant de nos prochains bulletins.
