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Pourquoi a-t-on autant d'épisodes méditerranéens et cévenols depuis février ?

Gilles MATRICON

Par Gilles MATRICON, météorologue
mis à jour le

Ce week-end a été marqué par le passage de la tempête Monica dans le sud de la France accompagné d'un épisode méditerranéen doublé d'un épisode cévenol. C'est le quatrième épisode d'intempéries dans le sud-est du pays depuis le 9 février dernier.

La tempête Monica de ce week-end a provoqué des vents violents à plus de 100 km/h, des pluies intenses ainsi que des conditions de blizzard en montagne.

Un contexte fortement dépressionnaire en Méditerranée depuis début février

Le vaste système dépressionnaire qui depuis la mi-octobre maintient un temps pluvieux et souvent venté en France avait jusqu'à début février épargné les régions méditerranéennes où la sécheresse s'accentuait. Puis, à partir de début février, ce système dépressionnaire a plongé vers le bassin méditerranéen, entre l'Espagne, le Maghreb et l'Italie.

Au milieu de vaste système de basses pressions, de petites dépressions secondaires se détachent du courant général et viennent s'isoler sur le centre du bassin méditerranéen. Ces gouttes froides font remonter de l'air très humide chargé d'humidité de Méditerranée. Cette situation explique en partie le temps agité qui concerne le sud-est de la France, et notamment les Cévennes et la Provence Alpes côte d'Azur actuellement. Pour le Roussillon, la tendance est l'amélioration avec le retour de quelques pluies même si elles sont insuffisantes pour enrayer la sécheresse dans cette région.

Atténuation de la sécheresse en surface et amélioration du niveau des nappes phréatiques

Depuis le début de cette année, les épisodes méditerranéens répétés rechargent les nappes phréatiques et font disparaître la sécheresse en surface. Ces pluies sont efficaces, car elles se produisent en saison froide : elles s'infiltrent dans le sol et permettent simultanément de l'humidifier.

Les cumuls des pluies depuis le début de cette année 2024 sont supérieurs aux cumuls des pluies tombées pendant toute l'année 2023 sur la côte d'Azur, entre Nice et Cannes.

© La Chaîne Météo

Tempête Monica : nombreux records de pluies battus

Lors de cet épisode méditerranéen et cévenol, les cumuls ont localement atteint 300 mm en 36 heures sur les Cévennes et 150 mm sur la Provence Côte d'Azur, soit 1 à 2 mois de pluie. Ils s'ajoutent aux importants cumuls liés aux deux épisodes d'intempéries des 9 et 10 février et 2 et 3 mars derniers.

La tempête Monica a engendré de nombreux records pluies quotidiens mensuels pour une centaine de postes pluviométriques. L'exemple le plus emblématique est celui de Nîmes-Courbessac (30) où il est tombé 104,1 mm le 9 mars, battant le précédent record de 86,9 mm du 30 mars 1948.

Deuxième blizzard en montagne en une semaine

Durant ce week-end, un blizzard s'est abattu sur l'est du Massif central, entre les Cévennes et le massif du Pilat au-dessus de 1200 à 1400 mètres. La couche de neige fraîche atteint 80 cm près du Mont Lozère, 70 cm aux Estables près du massif du Mézenc, et 40 cm dans le massif du Pilat au-dessus de Saint-Etienne. Le sud des Alpes a également connu un blizzard, et notamment le massif du Mercantour avec 60 cm de neige fraîche à Isola 2000 et Valberg pendant ce week-end.

Le plus étonnant est qu'il s'agit du second épisode de blizzard pour le sud des Alpes et l'est du Massif central en une semaine. Ces chutes de neige, qui surviennent en toute fin de saison froide, sont les plus fortes de cet hiver 2023-2024.

Tempête de vent de sud

L'autre paramètre de ces intempéries lié à la tempête Monica est la puissance du vent. C'est une véritable tempête de sud qui a balayé le Languedoc, depuis le bord de mer avec 104 km/h à Sète (34) et Aigues-Mortes (30) en remontant le Massif central (rafale record pour un mois de mars à 134 km/h à Saint-Agrève en Ardèche). Les rafales ont atteint 118 km/h à Millau dans l'Aveyron, 111 km/h à Graix dans le massif du Pilat (au-dessus de Saint-Etienne), 103 km/h à Saint-Chamond (42) et 100 km/h au Puy (43).

Le vent a également soufflé violemment entre la Provence et les Alpes à 141 km/h à Villard-de-Lans et 115 km/h à l'Alpe d'Huez (38) jusqu'à 189 km/h en haut de la station des Ménuires (73).

Crues de cours d'eau cévenols et méditerranéens

En raison des fortes pluies et des sols saturés, de nombreux cours d'eau cévenols sont entré en crue. Il s'agit notamment de la Cèze et l'Ardèche qui ont gonflé les eaux du Rhône, avec une crue en cours entre Tarascon et l'embouchure du Rhône.

L'Hérault a aussi subi une crue importante. Les cours d'eau provençaux et azuréens ont connu une brusque montée de leurs niveaux,

Conclusion

Depuis début février, la situation s'est améliorée sur le front de la sécheresse dans le sud-est de la France grâce à la multiplication des épisodes méditerranéens et cévenols. L'autre caractéristique est la récurrence et la fréquence de ces épisodes : déjà quatre en moins d'un mois.

Cette situation est d'autant plus surprenante que de tels événements surviennent généralement en automne, lorsque la mer est encore chaude. Ce n'est pas le cas actuellement puisque l'eau de la Méditerranée atteint habituellement son point bas de l'année début mars.

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