Inondations en Libye : les causes d'une catastrophe majeure
La Libye a été durement frappée par le medicane « Daniel » dimanche 10 septembre. Cette dépression, venue de Grèce, où les inondations avaient fait 14 victimes, a provoqué des inondations catastrophiques, ravageant le nord du pays. Plusieurs barrages ont cédé et le bilan est très lourd, avec, selon les autorités, de 2000 à 5000 victimes et des milliers de disparus.
C’est d’abord la Grèce qui avait subi, la semaine dernière, des vents tempétueux et des pluies torrentielles liées à la dépression « Daniel ». Les cumuls de pluie y ont atteint jusqu'à 754 mm sur la Thessalie, au centre du pays, qui reste encore partiellement sous les eaux. Le bilan est lourd avec 14 victimes. Cette dépression s’est ensuite dirigée vers le sud, traversant la Méditerranée. Elle a atteint les côtes libyennes le dimanche 10 septembre.
Full timelapse of Storm #Daniel ⛈️ Daniel brought devastating flooding to central Greece as the system stalled in the Mediterranean Sea. When the system finally moved south, it strengthened into a Medicane tropical-like system before landfalling near Benghazi, Libya. pic.twitter.com/nCs0icxua3
— Zoom Earth (@zoom_earth) September 10, 2023
Des pluies torrentielles entrainant des ruptures de barrages
Cette dépression a évolué très lentement en raison d'un blocage en Oméga situé sur l'Europe. En circulant sur les eaux chaudes de la Méditerranée, la dépression s’est chargée d’humidité et de chaleur. Sa structure a évolué en « medicane », nom donné à une dépression subtropicale dont le cœur est constitué d’air chaud. Ce phénomène redoutable est susceptible d’entraîner des précipitations intenses et des vents violents, soufflant parfois jusqu’à 150 km/h. Ce medicane est particulièrement visible sur l’image satellite avec son mouvement rotatif caractéristique. Il a touché le nord de la Libye ce dimanche 10 septembre en provoquant une surcote (marée de tempête) et des pluies torrentielles, en particulier sur la région de Derna, ville sinistrée. Les cumuls de pluie y ont atteint localement jusqu’à 400 mm en 48 heures sur un terrain desséché, sableux et rocailleux.
Le « medicane » le plus meurtrier de l’histoire
Le medicane Daniel vu du satellite le 10 septembre 2023 © La Chaîne Météo
Le medicane Daniel en Libye le 10 septembre 2023 © La Chaîne Météo
La ville de Derna est caractérisée par un climat semi-aride, avec une moyenne de 250 mm de pluie par an. Au passage du medicane, des cumuls supérieurs à 400 mm ont été enregistrés. Ainsi, il a pu tomber l’équivalent de 2 ans de pluie en 48 heures, ce qui est colossal. En amont, plusieurs barrages ont cédé sous la force des eaux, dont les deux principaux sur la rivière de Wadi Derna. La ville de Derna a donc été ravagée à la fois par les crues liées à la rupture de ces barrages et par la submersion marine sur la côte. D'énormes coulées de boue ont détruit les ponts et emporté de nombreux immeubles avec leurs habitants de chaque côté de l'oued, avant de se déverser dans la Méditerranée. Près de 25% de la surface de l’agglomération a été submergé. Dans ce contexte, des milliers de personnes sont toujours portées disparu, ce qui va alourdir le bilan définitif.
Les medicanes sont un phénomène connu depuis longtemps en Méditerranée. On en trouve dans les archives déjà en 1947. Plus près de nous, en France, la Côte d’Azur avait été touchée par le medicane « Rolf » en 2011 avec des vents à 150 km/h à Porquerolles (83). L’Algérie avait été durement frappée par des inondations meurtrières en 2001 avec 781 victimes. Dans le cas présent, le bilan libyen est d’ores-et-déjà le plus lourd pour ce type de phénomène.
Des phénomènes amplifiés par le réchauffement climatique ?
Des études sur le sujet ne montrent pas de liens clairs entre l'augmentation de la température de la mer et le nombre ou l'intensité des medicanes. En revanche, on a pu observer qu'une fois formé, un medicane a une durée de vie plus importante dans le cas d'eaux plus chaudes. Cependant, une étude rédigée ce 5 septembre indique qu’un phénomène d’une telle intensité n’aurait pas pu se produire dans le passé, accentué par le réchauffement climatique.