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Défilé aérien du 14 juillet : le rôle de la météo pour cet évènement

La Chaîne Météo

Par La Chaîne Météo
mis à jour le

Chaque année depuis 1880, la France célèbre sa fête Nationale le 14 juillet. L’occasion de revenir sur les préparatifs de cet évènement exceptionnel qui nécessite une préparation météo minutieuse, à la fois au sol, mais aussi et surtout dans les airs. Précisions avec Alexandre Isgrò, ancien météorologue de l’armée de l’air, désormais météorologue à La Chaîne Météo.

Les champs Élysées le 14 juillet pour la Fête Nationale © La Chaîne Météo

Le défilé aérien est un rendez-vous très attendu des Français, au même titre d’ailleurs que les feux d’artifice. Il est préparé minutieusement des mois à l’avance.

Comme souvent dans les opérations militaires, la météo est l’un des aspects opérationnels importants… Elle entraîne souvent des prises de décisions dans la planification et la réalisation des missions. À ce titre, elle est souvent considérée comme le nerf de la guerre…

Les contrôleurs aériens © La Chaîne Météo

"Vous avez été météorologue, prévisionniste-aéronautique militaire pendant de nombreuses années, et participé au défilé du 14 juillet, quel était votre rôle durant l’évènement ?"

Chaque année, un sous-officier météorologue doit faire la prévision pour le défilé aérien et fournir une où plusieurs matrices d’impacts (carte assez simple avec des codes couleurs définies selon des seuils). Ces cartes de prévisions permettent à des pilotes ou responsables des vols de mieux synthétiser l’information pour une prise de décision rapide. J’ai eu la chance d’être un des heureux météorologues choisis. Positionnés en haut de l’Arc de Triomphe, les différents acteurs opérationnels se regroupent dans un barnum monté pour l’occasion : directeur des opérations, directeur des vols, responsable de la communication, médias et la météo. Un briefing complet a lieu avec explication de la situation générale, puis situation sur la zone et enfin un zoom sur l’axe La Défense-Concorde pour le créneau 10h/12h couvrant les deux défilés aériens, mais aussi le défilé des troupes au sol, des véhicules motorisés, et les sauts en parachutes qui concluent généralement le défilé. Un météorologue est choisi chaque année pour porter assistance aux opérations aériennes et fournir les informations météorologiques nécessaires à une bonne prise de décision. Lors des différentes répétitions, il fournit les informations nécessaires pour les troupes au sol, à savoir le risque de pluie, vent, orage… Mais aussi le risque de forte température, car lorsque les soldats sont en arme et avec la tenue, il fait vite très chaud en position statique et certains sont parfois pris de malaise. Dans ce cas, la personne est extraite de la section et remplacée au pied levé par un autre militaire « spare » (remplaçant).

Cette année, le sergent-chef Thibault sera présent en haut de l’Arc de Triomphe le jour du défilé. Il sera avec les contrôleurs sous la tente sur l’Arc de Triomphe, qui donneront ce que l'on appelle le Roll call (rassemblement avant la mise en place) et qui donneront également le timing précis à l’ensemble du dispositif sous la direction du Général qui gère le défilé aérien. Il fera une “coupe terrain” sur la Concorde et a déjà réalisé un bulletin texte sur les conditions la semaine précédent le défilé, et plus particulièrement pour l’entraînement et le jour J, le reste du travail ayant été fourni par le Centre Météorologique des Opérations Aériennes.

Le défilé va bientôt démarrer © La Chaîne Météo

"Combien de temps à l’avance se prépare le défilé??"

Plusieurs semaines à l'avance, car il faut coordonner l'ensemble de cette opération aérienne avec les différentes bases aériennes. Les troupes au sol répètent des semaines, voire des mois en avance pour que tout le monde soit coordonné au mieux.

"Quels sont les besoins météo pour les différentes unités défilantes ?"

Toutes les unités dans les airs seront sensibles, dans un premier temps, aux visibilités, vents et à la hauteur de la base des nuages (plafond météo) sur leur terrain (aérodrome). Cette partie est prise en charge par leur centre météo local. Ensuite, il y a des minimas, hauteur de la base des nuages et visibilité sur leurs zones d'attente et sur l'axe du défilé, à savoir l’axe La Défense-Concorde. Un briefing regroupant l'ensemble des infos météo leur est envoyé.

Arrivée de la grenouille symbole de la météo sur l'Arc de Triomphe © La Chaîne Météo

"En quoi la météo peut influer sur le défilé ?"

Suivant la hauteur du plafond ou la visibilité, il existe plusieurs scenarii possibles. On parle alors de scénario beau temps, temps moyen, mauvais temps, jusqu'à l'annulation du défilé aérien, un peu comme avec les représentations de la Patrouille de France (PAF). Suivant certains minimas, certains avions peuvent ne pas défiler.

Vous l’aurez compris, en fonction des prévisions météorologiques prévues le jour J, ce n’est pas le même défilé aérien qui sera présenté.

Il s’agit donc de prévoir avec certitude les vents et plafond nuageux (hauteur de la base des nuages) rencontrés. La hauteur de la base des nuages et la visibilité seront déterminants pour choisir parmi les trois scénarios possibles pour le défilé aérien. Si les conditions météorologiques sont trop dégradées, le défilé aérien ne pourra avoir lieu. Il est cependant assez rare que les conditions météorologiques soient si dégradées mi-juillet. Avoir une idée précise de la température au sol et en l’air est aussi une notion importante, notamment pour les troupes au sol.

La patrouille de France ouvre le bal © La Chaîne Météo

"Quels sont les paramètres les plus dangereux??"

Le défi est grand : faire voler des avions de tailles et poids différents, tous proches les uns des autres, devant adapter leur vitesse en permanence tout en gardant une trajectoire et un axe parfait. Il faut veiller à la sécurité des vols lorsque les aéronefs sont dans les zones d’attentes. Ils doivent être parfaitement alignés et dans les temps : à deux ou trois secondes près, ce qui n’est pas chose aisée lorsque les appareils n’ont pas du tout les mêmes caractéristiques.

En patrouille serrée, le vent peut être un aspect dangereux durant le vol, que ce soit sur le circuit d'attente ou sur les champs, les chasseurs restent plus réactifs aux commandes que les gros porteurs, mais aussi plus sensibles au vent. La visibilité et la traversée de couches nuageuses peut aussi avoir son importance, surtout pour les gros porteurs. Les aéronefs doivent suivre 6 étapes d’alignement et rester espacés. Le timing est précis à 3 secondes et la vitesse à 10 km/h près.

Les troupes aux sols seront plus sensibles à la température et à l’humidité. Les parachutistes devront voir le sol pour pouvoir se repérer durant leurs descentes et ne pas subir de vents trop forts.

"Comment est gérée la sécurité d’un tel évènement ?"

Pour la sécurité, des hélicoptères (MASA : Mesure Active de Sûreté Aérienne) et des tireurs d’élites protègent la zone. La Permanence Opérationnelle avec les Mirages 2000 est en charge d’intercepter les appareils voulant pénétrer dans l’espace aérien français et a été mise en place après les attentats de New-York.

Trois tours de contrôle et des contrôleurs aériens sur l’Arc de Triomphe gèrent l’ensemble du trafic aérien avec une forte préparation dans les zones d’attente, aussi appelé « hippodrome » où « stack » situé aux alentours de Paris pour permettre un alignement rapide et efficace de la centaine d’appareils évoluant pour le défilé (66 avions et 28 hélicoptères environs). Le circuit standard fait quatre minutes : 1 Point d’entrée, un virage standard de 180°, un éloignement d’une minute, un second virage et un retour sur balise où un cap de sortie. Dans certains cas, les contrôleurs peuvent étager les différents appareils et les espacés de 500 à 1000 ft par exemple. (150 à 300m) C’est souvent le cas des aéroports où le trafic est dense, pour réguler le trafic et les arrivées des avions qui volent aux instruments où à vue, lorsque les conditions d’atterrissages sont impossibles, lorsque les conditions météorologiques sont dégradées où lorsqu'un avion présente un caractère urgent où prioritaire (exemple : panne radio où “short petrol” : panne carburant) Les avions sont alors placés en attente pour ne pas prendre de risque et maintenir la sécurité des vols.

Les tours de contrôle gèrent également les zones de restriction et établissent des NOTAM qui sont des notifications permettant d'informer les usagers de l'espace aérien des restrictions et autres modifications temporaires de l'espace aérien. Ils se présentent sous la forme d'un texte court.

Bon défilé à tous, et vive la France.

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