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Neige et gel ce début avril 2022 : un évènement remarquable

Gilles MATRICON

Par Gilles MATRICON, météorologue
mis à jour le

Après une fin de mois de mars très douce, l'hiver a fait un retour brutal le vendredi 1er avril, accompagné de chutes de neige jusqu'en plaine et d'un froid record. Cet épisode s'est terminé le mardi 5 avril au matin avec les dernières gelées. À cette occasion, des dizaines de records de froid pour un mois d'avril ont été battus en France ainsi que chez nos voisins européens.

Ce changement de temps brutal était lié à la plongée d'une masse d'air polaire humide de Scandinavie jusqu'en Méditerranée, alors que la dernière décade de mars avait été très douce, un peu à l'image de l'année précédente.

Des chutes de neige importantes en plaine

L'arrivée de ce coup de froid a été brutale le vendredi 1er avril, où des chutes de neige se sont produites du nord au centre de la France. Sur les Hauts-de-France et les collines du Perche en Normandie, il est tombé jusqu'à 10 à 15 cm de neige.

En région parisienne, des flocons sont tombés sur Paris et le sol a blanchi sur les plateaux franciliens.

En Limousin et en Auvergne-Rhône-Alpes, les chutes de neige ont été importantes avec 10 cm de neige sur Saint-Etienne (42). Cette journée du 1er avril a été la plus froide depuis 1975 avec un indicateur thermique national de 4,5°C. De nombreux records de basse températures maximales ont été battus au sud de l'Ile-de-France et sur la région Centre, avec guère plus de 3° à 4°C au meilleur de la journée.

Quelques flocons se sont même invités en Roussillon, jusqu'au littoral, vers Sigean dans l'Aude.

Samedi, autour de la dépression qui a plongé en Méditerranée, un important retour d'Est alimenté en air polaire s'est maintenu toute la journée du Grand-Est au Jura au Limousin à l'Auvergne-Rhône-Alpes jusqu'aux Pyrénées, apportant des chutes de neige jusqu'en plaine. 3 cm de neige ont été mesurés sur Clermont-Ferrand (63), 4 cm sur Guéret (23) et Annecy (74), 8 cm à Ambérieu (01), 9 cm à Limoges (87) et 12 cm à Saint-Chamond (42).

Quelques flocons ont également atteint Toulouse et Carcassonne, avec un léger et temporaire saupoudrage au sol.

Conditions de blizzard en montagne

Sur le Jura, mais surtout sur le Massif central, et notamment sur le massif du Pilat, les monts du Lyonnais et du Forez, de 20 à 40 cm de neige sont tombés vendredi et samedi. Il s'agit des plus importantes chutes de neige de cet hiver et début de printemps 2021 / 2022.

Dans les Alpes, il est tombé 50 cm de neige fraîche dès 1200 mètres sur les massifs de Belledonne, du Vercors et de la Chartreuse.

Le sud des Alpes a aussi connu sa chute de neige la plus importante depuis le début de l'hiver : sur le Queyras et le massif du Mercantour, il est tombé 50 cm de neige vers 1300 mètres.

Le dimanche 3 avril au matin, les températures ont plongé sous les -10 °C dans les Alpes, à Rostolas (05), où un record de froid pour avril a été battu.

Dans les Pyrénées, les cumuls de neige fraîche atteignent 20 à 50 cm au-dessus de 1800 mètres. À La Mongie (65), la température est descendue à -14,9 °C ce dimanche matin, record de froid pour avril à la station.

Froid exceptionnel en plaine : les records de 1986 battus.

Vendredi, des records de froid mensuels ont été enregistrés entre la région parisienne et le val de Loire avec des maximales qui n'ont pas dépassé 4 °C, un niveau inférieur de 3 °C à la normale d'un mois de janvier. Il s'agissait alors du 1er avril le plus froid depuis 1975.

Samedi, c'est au tour du Grand-Est et de l'Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que du Limousin de subir un froid exceptionnel avec des températures maximales inférieures à celles d'un mois de janvier. En montagne, le froid est rigoureux : ainsi, la station météorologique du sommet du Mont Aigoual (1567 m d'altitude, dans les Cévennes) a enregistré une températures maximale de -7°C, soit la plus basse depuis 1911.

Gel généralisé et froid record dimanche matin

Puis, dans la nuit de samedi à dimanche, avec le ciel qui s'est dégagé dans l'ouest et le sud de la France, la présence d'un air polaire en altitude et du rayonnement ont accentué le refroidissement. Au matin, des records de froid mensuels ont été enregistrés entre la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine ainsi qu'en Provence.

Dans l'est, il a continué de neiger faiblement avec des températures proches de 0°C en plaine, provoquant un verglas très important dans le Massif central. Ce dimanche 3 avril a été la journée la plus froide pour un mois d'avril depuis 1984 avec un indicateur thermique national de +4,03°C.

Des dizaines de records de froid mensuels battus le lundi 4 avril au matin

La nuit du 3 au 4 avril fut la plus froide pour un mois d'avril au niveau national depuis 1947 avec un indicateur thermique de -1,5°C. À la faveur du ciel nocturne dégagé, les températures sont descendues parfois de -5° à -8°C dans des régions peu habituées, tel le sud-ouest ou le centre-est par exemple. En montagne, on a atteint -21,5°C dans le Doubs aux Pontets, constituant ainsi le nouveau record de froid national pour un mois d'avril, devant les -19°C de Mouthe en 1970. A Nancy, la température de -6°C n'est pas un record mais constitue la valeur la plus basse de la saison froide 2021/2022.

Records de froid © La Chaîne Météo

Conclusion

Après la période de grande douceur du mois de mars, avec des températures parfois proches d'un mois de mai, ce retour du froid s'est montré redoutable à la fois par son intensité et le nombre de régions concerné. C'est toute la France qui subit ce gros coup de froid tardif, avec des records de froid pour un mois d'avril.

Les chutes de neige ont certes été marquées en plaine, sans caractère exceptionnel néanmoins, car nous ne sommes qu'au début du mois d'avril. En montagne, pour certains massifs, ces chutes de neige ont été les plus importantes de cet hiver et début de printemps 2022. C'est le cas dans les Alpes du Sud qui ont connu l'un de leurs hivers et début de printemps les plus secs jamais observés.

Brusques changements de temps en avril : un grand classique !

En effet, c'est au printemps que les contrastes de températures sont les plus importants dans nos régions tempérées. Les flux de sud peuvent apporter des périodes de grande douceur précoces. Mais les vents polaires peuvent également s'accompagner de températures hivernales. Dans le cas présent, ce qui est remarquable, c'est que nous avons vécu une fin de mois de mars très doux, qui s'est brutalement arrêtée ce week-end.

En 2021, la même situation s'était produite à la même période : après une fin de mois de mars chaud, le froid s'était abattu sur la France à partir du 2 avril, avec de fortes gelées destructrices pour la végétation et de la neige en plaine.

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