Mois de juin : était-il vraiment maussade ?
Vous avez été nombreux à nous faire part de votre ressenti maussade et frais de ce mois juin 2021. Qu'en est-il vraiment ? Notre météorologue Cyril Bonnefoy revient en chiffres sur ce mois de juin et nous apporte quelques éléments de réponse.
La Chaine Météo : L'été météorologique a démarré il y a déjà un mois, de nombreux internautes ont l'impression que nous sommes en plein automne. A quoi sont dues ces conditions météo fraîches, orageuses et pluvieuses ?
Cyril Bonnefoy : Ces deux dernières semaines ont en effet été dominées par la récurrence de conditions instables et orageuses. Ce mois de juin est d’ailleurs le 2ème le plus foudroyé depuis 30 ans avec plus de 160 000 impacts de foudre recensés (source : Météorage). Ces conditions étaient dues à des gouttes froides en altitude qui ont stagnées pendant plusieurs jours sur notre pays. Cet air froid en altitude a déstabilisé la masse d’air apportant donc ces fréquents orages et ces fortes pluies. Plusieurs stations ont d’ailleurs battu leur record de précipitations pour un mois de juin avec par exemple 133,7 mm à Rennes.
LCM : Est-ce que les caractéristiques de nos saisons évoluent ?
CB: Depuis 2000, les débuts d’été nous ont habitué à des mois de juin de plus en plus chauds mais souvent orageux. D’un point de vue thermique, les mois de juin actuels ressemblent aux mois de juillet des années 80 puisque la température moyenne du mois de juin a augmenté de 1,5°C environ à l’échelle du pays. D’une manière générale les saisons sont de plus en plus chaudes même si des anomalies froides peuvent encore avoir lieu comme lors du dernier printemps. C’est ce qu’on appelle la variabilité interannuelle en climatologie.
LCM : Le mois de juin que nous venons de connaître semble pour certains très frais, qu'en-est-il réellement dans les chiffres ?
CB : En réalité ce mois de juin s’est terminé avec un excédent thermique de 2°C à l’échelle nationale même si il existe des disparités entre les régions. Par exemple en Bretagne l’anomalie de température n’est que de 0,5°C alors qu’en Alsace elle atteint les 3°C. Au final, ce mois de juin ressort comme le 5ème plus chaud depuis 1950. Ce résultat est essentiellement dû à la vague de chaleur qu’a connu le pays du 8 au 21 juin. C’est au sein de cette période qu’un épisode de fortes chaleurs s’est installé pendant 3 jours du 14 au 16 juin. Concernant l’ensoleillement, il reste proche de la normale même si vous pourriez avoir l’impression d’une grisaille récurrente après ces 10 derniers jours très orageux.
LCM : Comment expliquez-vous cette différence entre le temps qu'il a fait et le ressenti qu'en ont certaines personnes ?
CB : Ce ressenti en fin de mois pour certaines personnes peut s’expliquer par les dix derniers jours très orageux et effectivement plus frais en raison des deux gouttes froides qui ont concernées le pays. Sous les pluies et les averses, les températures maximales pouvaient ne pas dépasser les 16 à 22°C certaines après-midi au nord et dans le sud-ouest, ce qui n’est effectivement pas très chaud pour la saison. Cependant, elles rejoignaient souvent les normales dans les périodes d’accalmies et entre les vagues orageuses. Enfin, les principales vagues orageuses sont également intervenues les deux derniers week-ends, durant lesquels les français ont pu prévoir des activités en extérieures, ce qui a pu accentuer ce ressenti maussade et frais.
LCM : Les vacances démarrent officiellement le 6 juillet. Est-ce que ce mois de Juillet s'annonce enfin estival ?
CB: La tendance instable et orageuse devrait se poursuivre au moins durant les quinze premiers jours de ce mois de juillet. Nous repasserons dans un flux de sud-ouest humide et de nombreuses vagues orageuses devraient alterner avec des périodes plus sèches et ensoleillées. Aucune période de temps stable et sec durable n’est pour l’instant entrevue avant la fin juillet qui pourrait être plus chaude avec possiblement un risque de vague de fortes chaleurs (canicule) sur certaines régions.