Sécheresse : aggravation du nord-est aux Alpes, 42 jours sans pluie à Saint-Dizier !
Après un automne et un hiver bien arrosés, des conditions anticycloniques durables se sont installées entre la mi-mars et la mi-avril avec un début de printemps sans la moindre pluie sur la plus grande partie du pays. Du dimanche 19 au mardi 21 avril, un épisode de pluie bénéfique a concerné la partie ouest et sud-ouest du pays tandis que la sécheresse s'est aggravée dans l'est et le nord-est en raison d'un vent d'est desséchant.
Après plusieurs semaines de temps sec et anticyclonique, un système dépressionnaire s'est mis en place entre le proche Atlantique et l'ouest de la Méditerranée entre le dimanche 19 et le mardi 21 avril.
Des pluies modérées et bénéfiques de la Bretagne et des plaines du sud-ouest à la Provence
© La Chaîne Météo
Les précipitations ont été souvent très bénéfiques pour la nature car elles sont tombées pendant plusieurs heures avec une intensité faible ou modérée. Elles ont donc bien humidifié les sols sans provoquer de ruissellements et de lessivage des terres agricoles. On a relevé généralement entre 20 et 40 mm sur les régions allant de la Bretagne aux plaines du sud-ouest ainsi qu'entre Languedoc et Provence avec localement une cinquantaine de millimètres entre Vendée et Limousin. C'est sur les régions proches des Pyrénées que les cumuls de pluie ont été les plus importants avec 50 à 100 mm et localement plus de 200 mm sur les Pyrénées-Orientales où l'épisode de pluie a été exceptionnel pour un mois d'avril. Sur ces régions pyrénéennes, les excès d'eau ont provoqué des inondations dans certaines plaines agricoles.
Le nord et l'est du pays subissent une importante sécheresse de surface
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Si l'on excepte quelques averses orageuses très localisées, les régions du nord et de l'est n'ont quasiment pas reçu de pluie depuis la mi-mars. D'ailleurs, certains secteurs situés entre le Grand-Est et les Alpes n'ont pas reçu la moindre goutte d'eau. A Saint-Dizier (52), on comptabilise 42 jours consécutifs sans pluie ce qui constitue un record depuis l'ouverture de la station en 1953. Même constat à la station de Grenoble/Le Versoud (38) où il n’a pas plu depuis le 13 mars égalant d’ores et déjà le record absolu enregistré du 26/11/2016 au 06/01/2017 (42 jours). Les villes de Metz, Nancy ou Langres comptabilisent elles aussi plus de 30 jours consécutifs sans pluie.
Avec cette absence de pluie depuis plus d'un mois et la présence régulière d'une bise de nord-est continental desséchant, les sols sont devenus très secs en surface. En Franche-Comté et dans les Vosges, la sécheresse de surface atteint des niveaux records aussi tôt dans la saison.
Inquiétude chez les agriculteurs
Après les semis de printemps (orge, pois, betterave, maïs, tournesol...), l'absence de pluie est problématique avec des levées très hétérogènes. Pour les cultures de blé et d'escourgeon semées à l'automne dernier, les agriculteurs craignent des pertes de rendement s'il ne pleut pas suffisamment dans les toutes prochaines semaines.
L'ensoleillement généreux et les températures très élevées pour un mois d'avril n'arrangent pas les choses avec une forte évapotranspiration des plantes et des besoins en eau croissants avec l'avancée de la saison.
Chez les éleveurs du centre-est et du nord-est, les prairies commencent à pâtir du manque d'eau avec des fourrages qui pourraient être insuffisants ces prochaines semaines.
Feux de broussailles en recrudescence
Avec le confinement, de nombreuses déchetteries sont fermées et certains particuliers entreprennent des feux de végétaux et broussailles, malgré leur interdiction. Avec le vent et la sécheresse, les pompiers voient leurs interventions se multiplier. Les pompiers de l’Yonne sont intervenus depuis le 5 avril à 15 reprises pour des feux de broussailles, de sous-bois et de stockage de bois qui ont détruit au total plus de 12 hectares de végétation.
Des nappes phréatiques qui se sont bien remplies cet hiver
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Si les sols sont souvent très secs en surface, on observe encore des sols humides en profondeur après un automne et un hiver bien arrosés. Les nappes phréatiques se sont d'ailleurs bien remplies entre octobre et le début du mois de mars, et sont excédentaires sur les 2/3 du pays au 1er avril. Elles sont conformes à la moyenne dans 20% des cas, et restent déficitaires sur 13% du territoire (partie centre-est du pays).
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C'est d'ailleurs en Auvergne-Rhône-Alpes que l'on observe les premières restrictions d'eau notamment pour certains secteurs des départements de l'Ain, du Rhône et de la Drôme.
Des périodes de temps sec assez fréquentes au nord en mars-avril
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les périodes de temps sec durable sont assez fréquentes sur la partie nord de la France en raison de situations de blocage anticyclonique sur l'Europe du Nord ou l'Europe centrale. A Paris, depuis l'an 2000, on compte pas moins de 9 périodes de temps sec durable au printemps (moins de 10 mm sur une période de 30 jours). Ces périodes de temps sec se produisent d'ailleurs de plus en plus fréquemment au fil des années. Il y a tout juste un an le printemps 2019 avait connu une période sèche entre le 18 mars et le 23 avril avec seulement 8 mm (pour une moyenne de 50 mm). C'est en 2007 qu'on a observé la période de temps sec la plus durable à Paris avec seulement 5 mm entre le 1er avril et le 3 mai.
Sur la moitié sud du pays, les sécheresses de printemps sont moins fréquentes. À Lyon, on compte quand même 5 périodes de temps sec d'au moins un mois depuis 2000, soit une année sur 5 en moyenne. A Toulouse, les longues périodes de temps sec sont rares et la dernière enregistrée remonte à 2003 avec seulement 9 mm relevés du 6 mars au 10 avril.
Enfin l'espoir de revoir la pluie au nord-est la semaine prochaine
Les conditions météo ne vont pas beaucoup évoluer jusqu'au week-end avec le maintien d'un temps généralement sec à l'exception de quelques averses orageuses localisées. Un temps plus instable devrait s'installer la semaine prochaine sous l'influence d'un flux de sud-ouest plus dynamique en altitude. Les averses devraient se multiplier et concerner enfin les régions du nord et du nord-est. Cette tendance demande encore confirmation.