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Bilan de l'été 2019 : le 3e le plus chaud depuis 1900

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

L'été 2019 restera dans les annales de la météo comme l'été des extrêmes avec ses records de chaleur, de puissants orages de grêle et une sécheresse notable. Il se classe en 3e position des étés les plus chauds en France métropolitaine depuis 1900.

Alors que l'automne météorologique débute le 1er septembre, il est temps de dresser un bilan météorologique complet de cet été très contrasté, qui a vu de nombreux records de chaleur historiques en raison des canicules, mais également une situation qui s'est aggravée sur le front de la sécheresse. Retour sur cet été des extrêmes.

© La Chaîne Météo

Le troisième été le plus chaud depuis 1900

Au total, la moyenne des mois de juin, juillet et août présente une anomalie thermique de +1,6°C par rapport à la normale sur la France métropolitaine. C'est donc le 3e été le plus chaud depuis 1900, ex aequo avec l'été 2006. On aurait pu s'attendre à une moyenne plus élevée en raison des records de chaleur historiques, mais les deux canicules ont été trop courtes pour égaler le niveau de l'été 2003 par exemple.

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Un été particulièrement sec

Dans ce contexte de chaleur persistante, le déficit pluviométrique s'est maintenu pendant tout l'été, aggravant la situation de sécheresse. Au sortir d'un printemps déjà moins pluvieux que les normales, les sols se sont asséchés brutalement avec la première canicule de la fin juin. La deuxième canicule de la fin juillet n'a pas arrangé une situation déjà tendue, aboutissant à des arrêtés de restriction de l'usage de l'eau pour 87 départements au 30 août. En moyenne, le déficit pluviométrique est de 25% à 30% à l'échelle du territoire, avec des secteurs particulièrement sinistrés où le déficit est compris entre 70 % et 100 % (notamment le centre-ouest, les plaines d'Allier et du Puy du Dôme et la basse vallée du Rhône). Ainsi, au 1er septembre, le niveau des nappes phréatiques continuait à baisser de façon notable tandis que la sécheresse surperficielle s'accentuait encore.

© La Chaîne Météo

De nombreux phénomènes extrêmes, parfois inhabituels

- Une tempête atypique : Miguel

La première quinzaine de juin était placée sous le signe de la fraîcheur et de bonnes perturbations. Dans ce contexte, une tempête tardive a traversé le nord-ouest de la France le 8 juin. Baptisée Miguel, cette tempête a battu les records de rafales de vent pour un mois de juin avec 129 km/h à l'île d'Yeu (85) par exemple.

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- Deux canicules historiques en 30 jours

Les deux canicules survenues fin juin et fin juillet sont les évènements les plus remarquables de l'été. Dans les deux cas, presque tous les records de chaleur ont été battus. La canicule de juin a surtout concerné le sud et le centre-ouest de la France, avec notamment le record absolu de chaleur en France relevé à 46°C à Vérargues (34) ( précédent record : 44,1°C à Conqueyrac (30) le 12 août 2003). La deuxième canicule de la fin juillet a pulvérisé les records du centre-ouest, du bassin parisien et des Hauts de France, avec notamment 42,6°C à Paris et 41,4°C à Lille. On note que ces deux canicules ont battu de 2° à 3° les anciens records. Ces deux canicules, d'une durée de 3 à 5 jours, restent cependant courtes dans l'historique des canicules. Mais l'intensité est inégalée.

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- Des orages violents et grêligènes mais moins nombreux

Cet été 2019 restera marqué par des phénomènes violents et souvent destructeurs en raison de la grêle, notamment pour les vignobles mais aussi pour les véhicules et les habitations. Et pourtant, cet été est l'un des moins foudroyé à l'échelle du territoire, se situant 60 % sous la normale et contrastant avec l'été 2018 qui fut le plus foudroyé jamais enregistré depuis le début des relevés de Météorage. Le centre-est de la France a subi de façon récurrente ces violents orages de grêle, alors que l'ouest de la France n'a parfois pas vu un seul orage de l'été.

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- Sécheresse : une situation de crise

Avec un déficit pluviométrique compris entre 20% et 70% sur la durée de l'été, conjugué aux fortes chaleurs, les sols et la végétation ont subi un "effet sèche-cheveux" parfois lourd de conséquences pour les vignobles et les arbres fruitiers. La sécheresse de surface s'est déclenchée dès la première canicule de la fin juin. Ensuite, malgré les orages du centre-est et des pluies bénéfiques en première quinzaine d'août au nord de la Loire, la situation s'est aggravée au fil de l'été avec, au 30 août, 87 départements en situation de restriction de l'usage de l'eau. A noter que les incendies de végétation ont été contenu grâce à l'action renforcée des pompiers. Avec des surfaces brulées inférieures à 10 000 hectares, cet été reste dans la moyenne.

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Vers une tendance aux étés très chauds en France ?

On constate que les étés très chauds sont récurrents en France depuis le début des années 2000. Les 5 étés les plus chauds sont tous compris dans la décennie actuelle (sauf 2003 qui était en quelque sorte précurseur). Dans le contexte du réchauffement climatique contemporain, cette tendance semble logique et de nombreuses études tendent à démontrer cet état de fait : les étés très chauds pourraient devenir la norme tandis que les canicules commenceraient plus tôt pour se terminer de façon plus tardive. Cela dit, de nombreuses inconnues demeurent concernant l'évolution du climat futur : on sait par exemple que les étés suivent aussi des cycles naturels, de même que les hivers. Mais l'adaptation à ces étés caniculaires en France doit être envisagée, notamment en milieu urbain. A ce sujet, des projets de végétalisation des centre-ville existent, de même que la création de lieu d'eau, qui peuvent rafraîchir les centre-villes en période de canicule.

© La Chaîne Météo

En conclusion, cet été aura été celui des extrêmes et aura laissé des traces dans le paysage français. Si des difficullés restent à surmonter pour le secteur agricole, durement touché par les épisodes de canicule, la sécheresse et la grêle, certains secteurs y trouveront peut-être quelques issues positives : certains vins 2019, qui ont échappé à la grêle et aux coups de chaud, devraient connaître un bon crû, tandis que la récolte de céréales est exceptionnelle dans certains grands bassins céréaliers.

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