Pourquoi les tempêtes sont plus dangereuses en été qu'en hiver ?
La saison des tempêtes s'étend majoritairement en automne et en hiver. Elles sont rares en été, représentant moins de 5 % des tempêtes annuelles en France. Cependant, ce n'est pas inédit. Les effets d'une tempête estivale sont par contre plus dangereux qu'en hiver, à force égale.
Les tempêtes estivales sont rares. Ce qui est plus fréquent, ce sont les rafales qui se déclenchent au passage des orages. Ainsi, ces derniers jours, les rafales ont très localement atteints 120 km/h dans l'Aisne et 138 km/h dans l'est de la France mardi soir. Ces rafales sont capables de casser de grosses branches et de briser des arbres, mais cela reste ponctuel.
Tempêtes : des vents généralisés
Au passage des tempêtes, les vents ne sont pas forcément aussi brutaux que sous les orages mais soufflent plus durablement sur des superficies nettement plus vastes. Ainsi, la tempête Miguel de ce vendredi devrait souffler sur un large tiers nord-ouest de la France, alors que les orages provoquent des rafales de vent à l'échelle d'une commune ou d'un village. C'est un facteur aggravant car les dégâts liés aux tempêtes ont un coût supérieur à celui des orages. D'autre part, les orages génèrent une forte turbulence du vent, avec des rafales soudaines qui changent souvent de direction. Des mouvements rotatifs sont même fréquents : tout ceci provoque davantage de dégâts aux arbres qu'une tempête classique, durant laquelle les vents soufflent de manière plus régulière et dans une direction assez homogène.
Arbres en feuilles : un danger accru en été
Autre facteur de risque : la saison et la végétation. Les tempêtes d'automne et d'hiver, les plus fréquentes en France métropolitaine, font partie du climat habituel, et la végétation forestière est généralement assez résistante pour y faire face. On estime que les dégâts aux arbres commencent à se faire sentir à partir de 100 km/h, mais cela dépend aussi de la nature du sol et de l'espèce d'arbres. Par exemple, les hêtres ont des racines très étalées mais peu profondes, ce qui explique qu'ils sont assez facilement déracinés lors des coups de vent. Autre facteur qui fragilise la végétation : l'humidité des sols. Un sol humide est très meuble, expliquant aussi pourquoi lors des tempêtes, les arbres poussant dans les marais sont facilement abattus (tels que les peupliers).
© La Chaîne Météo
En hiver, les arbres n'ont plus de feuilles, offrant alors moins de résistance au vent : l'air passe à travers les branches dénudées. En revanche, lorsque les arbres sont en feuille, comme actuellement, ils offrent une masse et une prise au vent décuplées : dans ce cas, on estime que les dégâts commencent avec des rafales atteignant 80 km/h, ce qui se produit souvent au passage des orages. Ainsi, une tempête en été, même moins forte qu'en hiver, provoquera plus de dommages aux arbres. De grosses branches peuvent casser et tomber sur des voitures, des arbres peuvent être brisés en leur milieu sans même être déracinés. En tombant, ils peuvent casser des lignes aériennes (réseau ERDF), provoquant alors des coupures de courant.
En conclusion, on retiendra que les coups de vent et tempêtes sont plus préjudiciables à la végétation en été en raison de la prise au vent des arbres chargés en feuille ainsi qu'en raison du caractère turbulent des rafales au passage des orages. On notera aussi que les effets colatéraux sont multipliés en saison estivale en raison d'une population plus nombreuse dans les espaces naturels (camping, etc), exposant les vacanciers à ces risques de chutes d'arbres. Une tempête d'été nécessite alors une vigilance particulièrement accrue.
Colombes © Adnan Fortes II