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Succession de tempêtes en mars : est-ce normal ?

La Chaîne Météo

Par La Chaîne Météo
mis à jour le

La tempête Freya avait balayé la France lundi 4 mars dernier, suivie d'une tempête de sud des Pyrénées au lyonnais. Ensuite, la tempête de ce dimanche 10 mars a battu des records dans les Hauts de France, suivie également d'une tempête en Corse. Alors que la fin de l’hiver est proche, ces conditions météo ventées et durables peuvent surprendre. Nous avons interrogé notre météorologue, spécialiste du climat, Régis Crépet, sur la question.

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Les tempêtes en mars, ça paraît tardif, est-ce rare ?

Régis Crépet : On peut considérer que les tempêtes en mars sont tardives, car les mois statistiquement les plus ventés en France métropolitaine se situent au cœur de l'hiver : décembre, janvier et février. Mais ce n'est pas rare non plus. Il y en a autant qu'en novembre et elles sont parfois fortes. On peut considérer que Freya, du 4 mars dernier, était modérée, mais la tempête du dimanche 10 mars sur les Hauts de France était assez remarquable, avec des rafales record pour cette époque de l'année. La France connait donc une première décade de mars particulièrement ventée par rapport aux normales statistiques.

Les principales tempêtes survenues lors des mois de mars précédents sont celles du 12 mars 1967 (avec des rafales entre 140 et 160 km/h y compris dans les terres), des 24 et 25 mars 1986, la tempête Anton en mars 2015 au sud-est et surtout la tempête Zeus du 6 mars 2017 particulièrement forte sur l'ouest de la France ainsi qu'au sud-est, avec des records relevés en Bretagne (193 km/h à la pointe du Raz) et sur la côte d'Azur (185 km/h au Dramont).

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A quel moment de l’année les tempêtes sont généralement les plus fréquentes ?

Régis Crépet : Le nombre maximum de tempête a lieu en janvier et février, mais cette répartition est assez inégale selon les années, avec une variabilité décennale. De même, si les tempêtes sont plus nombreuses en janvier et février, les plus puissantes sont souvent observées en décembre. Bien que moins nombreuses, certaines tempêtes de novembre ont été, dans le passé, parfois très violentes aussi.

Pourquoi la météo est-elle aussi venteuse en ce mois de mars 2019 ?

Régis Crépet : La situation actuelle est caractérisée par le retour du flux zonal, c'est-à-dire le flux océanique dans lequel circulent les dépressions, avec les pluies et les vents. L'Europe de l'ouest est donc frappée par ces dépressions qui passent sur les îles britanniques et la mer du Nord, ce qui est classique. Cette configuration est donc propice au passage de plusieurs tempêtes.

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Est-ce que la douceur des dernières semaines a un lien avec les conditions tempétueuses de ces derniers jours ?

Régis Crépet : La douceur de la dernière décade de février était liée au beau temps sec provoqué, au contraire, par la présence d'un anticyclone sur l'Europe de l'ouest. Cet anticyclone faisait remonter de l'air doux en altitude, en provenance du Maroc. Mais depuis le début de ce mois de mars, les vents viennent de l'ouest : ils apportent aussi de l'air doux, mais d'origine maritime, avec du vent et des pluies. Ce n'est donc pas le même flux.

Cela fait plusieurs années qu’une grosse tempête n’a pas frappé la France ? A quand remontent les dernières grosses tempêtes ?

Régis Crépet : Le nombre et l'intensité des tempêtes en France connait des fluctuations décennales cycliques, sans lien démontré avec le réchauffement climatique. Ainsi, la décennie 1990 a été la plus virulente, tandis que la décennie actuelle est particulièrement calme. Les dernières grosses tempêtes majeures, ayant concerné au moins 20% de la superficie du pays, remontent à janvier 2009 avec Klaus et février 2010 avec Xynthia. Depuis, les tempêtes restent majoritairement côtières et localisées. Les plus puissantes ont soufflé en Méditerranée, notamment en Corse.

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Comment expliquer la grande fréquence des tempêtes dans les années 90/2000 et leur absence depuis quelques années ?

Régis Crépet : La décennie 1990 était caractérisée par la prédominance d'un flux zonal avec un jet stream très rapide, occasionnant le passage de nombreuses dépressions avec des vents d'ouest majoritaires en France. De ce fait, les pluies étaient fréquentes avec des inondations majeures (en Bretagne et Picardie) et les vents associés à ces dépressions étaient souvent très forts et récurrents.

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Comparé aux tempêtes du passé, à quel niveau d’intensité se situe la tempête Freya de lundi ?

Régis Crépet : Si on considère le seuil des 100 km/h comme indicateur de la tempête, on peut dire que moins de 20% de la France a observé au moins une rafale de cette force. D'autre part, les valeurs maximales dans les terres sont restées modérées (115 km/h au maximum enregistrés à Colmar), mais sur les caps exposés, on a relevé 151 km/h à Belle-Ile, ce qui est une valeur notable. Cette tempête ne figurerait même pas dans la liste des tempêtes modérées de la décennie. En revanche, la tempête du dimanche 10 mars dernier au nord de la Seine a été plus forte, avec des valeurs remarquables pour cette période de l'année. La Corse a également battu des records de rafales de vent dans la soirée du lundi 11 mars.

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Les prévisions pour mars envisageaient-elles un temps aussi venté ?

Régis Crépet : Nos prévisions saisonnières envisageaient le retour d'un temps perturbé et pluvieux pour le mois de mars, avec des pressions plus basses que les normales. Dans ce cas de figure, les vents forts font partie de ce schéma dépressionnaire : on peut donc en déduire que le vent fait partie de ce temps perturbé.

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