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Cyclones en Atlantique : prévisions pour la saison 2018

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Alors que la saison cyclonique 2017 a figuré parmi les plus actives depuis le début des relevés, avec des phénomènes dévastateurs (Harvey, Irma ou encore Maria dans les Caraïbes), les pays riverains de l’Atlantique Nord attendent avec intérêt les prévisions de la saison à venir, qui démarre le 1er juin. La saison cyclonique 2018 sera-t-elle aussi intense que l’année dernière ? La Chaîne Météo vous dévoile les dernières prévisions cycloniques.

En cette fin de printemps, la saison cyclonique débute à la fois dans l’Atlantique nord (les ouragans), et dans le Pacifique Nord-Ouest (les typhons). En Atlantique, la saison des ouragans s’étend officiellement du 1er juin au 30 novembre. L’année dernière, la saison a débuté de façon précoce avec la tempête tropicale Arlene le 19 avril. Le premier ouragan majeur de la saison, nommé Harvey, a provoqué de lourds dégâts le 25 août en générant des pluies diluviennes aux Etats-Unis (sud-est Texas, Louisiane, Missouri et le Tennessee).

Les deux cyclones les plus puissants de la saison 2017 ont été Irma et Maria en septembre. Ils ont violemment frappé la zone Caraïbes, surtout Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Porto Rico, qui restent fortement traumatisés par cette catastrophe naturelle.

© La Chaîne Météo

Entre août et octobre, 10 ouragans se sont succédés dans l’Atlantique, dont 6 « majeurs », c’est-à-dire ayant atteint au moins la catégorie 3/5 sur l’échelle internationale de Safir Simpson. Cette saison 2017 a été la plus active depuis celle de 2005, mais ne figure qu’en 7ème position des saisons les plus virulentes depuis le début des observations en 1851. A noter que cette saison s’est terminée en octobre avec l’ouragan « européen » Ophelia. Ce dernier cyclone a été atypique en raison de sa position très à l’est dans l’océan Atlantique, remontant jusqu’en Irlande.

© La Chaîne Météo

Une saison 2017 très puissante mais pas d’année record

Avec 18 phénomènes (tempêtes tropicales et ouragans), la saison cyclonique 2017 figure parmi les 7 plus actives en Atlantique Nord depuis le début des observations en 1851. Mais le record reste détenu par l’année 2005 qui avait enregistré 31 phénomènes dont 15 ouragans. Néanmoins, cette saison 2017 restera gravée dans les annales météo en raison de la violence des ouragans qui ont touché terre, en particulier les îles des Caraïbes. Ainsi, l’ouragan Irma a dévasté les îles de Saint Martin et de Saint Barthélémy en catégorie 5 : c’est la première fois que les Antilles sont frappées par un ouragan aussi puissant, avant de dévaster ensuite Porto Rico. Il est considéré comme l’un des plus forts survenus dans l’Atlantique Nord avec des vents moyens à 287 km/h (et des rafales atteignant 360 km/h). L’ouragan Allen en 1980 était encore plus violent, détenant le record de vent moyen à 305 km/h.

Ce qui reste inédit, c’est la durée de l’intensité d’Irma, qui a généré des vents à 295 km/h pendant plus de 33 heures d’affilé.

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2017 : un contexte propice à une saison cyclonique active

Les ouragans sont des phénomènes complexes : on évoque surtout la température élevée des eaux comme un facteur essentiel dans la formation d’un ouragan, mais ce n’est pas le seul. Les conditions atmosphériques planétaires jouent aussi un rôle. Les années cycloniques les plus intenses se produisent en l’absence du phénomène El Nino : en effet, cette anomalie de température des eaux de l’océan Pacifique modifie la circulation atmosphérique planétaire et génère des vents forts en haute altitude au-dessus de l’Atlantique, par effet de vases communiquants : ce processus annihile la formation des ouragans. En revanche, le phénomène inverse « La Nina » est propice aux saisons cycloniques actives. Ainsi, en 2017, nous étions en présence d’un faible El Nino, ce que l’on appelle une année « neutre », ce qui laissait présager une reprise de l’activité cyclonique après 10 ans de calme relatif et 5 ans de calme inédit. Mais l’intensité atteinte en 2017 a tout de même dépassé les prévisions des divers organismes météorologiques spécialisés.

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Une diminution globale du nombre d’ouragan

Contrairement aux idées reçues, le nombre total de phénomènes cycloniques est en légère diminution sur la planète depuis le début des relevés en 1851. Ce nombre était en augmentation dans l’Atlantique Nord entre 1950 et 1970 avant une baisse entre 1970 et 1990. Puis, la courbe du nombre d’ouragan est repartie à la hausse entre 1995 et 2010 avant cette dernière décennie anormalement calme. Le pic de 2017 marque donc un retour à la normale dans l’océan Atlantique Nord.

Face à ce constat, le rôle du réchauffement climatique n’est pas probant. Certaines études semblent indiquer que, si le nombre d’ouragans n’augmente pas, voire même diminue, leur puissance pourrait être accrue (1), ce qui se mesure en « énergie accumulée » (ACE), dont 2017 détiendrait le record. Selon ces études, le nombre d’ouragans « majeurs », au moins égaux à la catégorie 3/5, serait en augmentation, alors que le nombre total des phénomènes pourrait baisser. Mais pour d’autres experts, l’augmentation de fréquence de ces ouragans majeurs pourrait tout simplement résulter de la variabilité naturelle du climat, sans aucun lien avec le réchauffement (2).

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Saison cyclonique 2018 : à quoi s’attendre ?

Plusieurs organismes météorologiques mondiaux sont spécialisés dans la prévision des ouragans (3). La plupart de ces instituts envisage une saison cyclonique 2018 nettement moins intense que la dernière. Le TSR prévoit même une activité cyclonique inférieure de 15% à la moyenne de référence 1950 – 2017. En moyenne, 12 à 15 phénomènes tropicaux pourraient se former (contre 18 l’année dernière), dont 6 à 8 deviendraient des ouragans (contre 10 en 2017). 2 à 4 de ces ouragans pourraient atteindre la catégorie 3/5, devenant ainsi des ouragans majeurs (contre 6 l’année dernière).

Les paramètres qui expliquent une saison moins active que la dernière est la fin progressive de La Nina dans l’océan Pacifique et la lente montée d’un faible El Nino : finalement, cela aboutit à une configuration neutre, peu favorable à une saison cyclonique intense, mais pas inexistante non plus. D'autre part, les températures de surface des eaux de l’océan Atlantique sont plus fraîches que les moyennes au large de l’Afrique de l’ouest, zone où prennent naissance majoritairement les phénomènes cycloniques.

(1) Nature, 2005

(2) Laboratoire de dynamique des fluides géophysiques de Princeton.

(3) Tropical Storm Risk / CSU (université d’état du Colorado) / NCSU / Met Office / NWS-NOAA / CEPMMT (modèle européen).

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