Inondations en Espagne : la pire catastrophe naturelle du XXIème siècle pour le pays

L'Espagne a fait face à l'une des pires catastrophes naturelles de son histoire récente la semaine dernière. Plus de 210 personnes ont perdu la vie suite aux inondations qui ont frappé l'est du pays. La région de Barcelone a également été touchée lundi 4 novembre, alors que la situation météorologique s'améliore ce mardi 5 novembre. Si l'événement principal, la DANA*, est terminé, quelques orages restent encore possibles jusqu'à jeudi.

Qu'est-ce que la DANA ?

En météorologie espagnole, ce terme DANA signifie "Depresión Aislada en Niveles Altos. Il s'agit du phénomène climatique où une dépression, ou une masse d'air froid, est isolée en altitude au sein de masses d'air plus chaudes. Cela crée une instabilité qui peut entraîner des précipitations très intenses, des orages violents et des inondations soudaines dans les régions affectées. La DANA est particulièrement fréquente en Méditerranée espagnole, où elle peut causer de graves intempéries, notamment en automne. Ce phénomène est semblable à ce que l'on appelle chez nous une "goutte froide", bien que la DANA ait des caractéristiques spécifiques liées aux conditions climatiques de l'Espagne. L'humidité disponible, souvent en provenance de la Méditerranée, alimente les orages, renforçant la violence des précipitations. Les zones côtières de Valence, Murcie et Alicante, mais aussi les îles Baléares, sont fréquemment touchées. Le changement climatique, en amplifiant la température et l'humidité, pourrait continuer à rendre ces épisodes encore plus destructeurs dans les décennies à venir.

Une configuration météorologique à grande échelle exceptionnelle

Cumuls de pluies du 27 au 29 octobre © La Chaîne Météo

Les inondations en Espagne ont été provoquées, entre autres causes, par une configuration météorologique exceptionnelle. La DANA est venue s'isoler sur la péninsule ibérique, piégée entre deux zones de hautes pressions, l'une étendue des Îles Britanniques aux Açores, l'autre présente sur l'Afrique du Nord. Ce blocage a maintenu des conditions orageuses sur la région de l'Andalousie à la Costa Brava pendant plus de 48h.

Mardi 29 octobre, la situation a atteint son paroxysme lorsque la province de Valence a été frappée par un orage stationnaire en forme de V, un phénomène convectif particulièrement intense qui réalimente ses propres précipitations. Entre 16h et 20h, cet orage s'est développé au-dessus de la région, laissant derrière lui des cumuls atteignant 491 mm à Chiva, l'équivalent de neuf mois de pluie pour une ville comme Paris.

L'orage en V, visible sur les images satellites grâce à sa forme caractéristique, est resté stationnaire plusieurs heures, favorisant des crues éclairs dans le bassin versant à l'ouest de Valence. Les cours d'eau ont gonflé rapidement, inondant les quartiers en aval de la ville. À Letur, les pluies diluviennes ont également entraîné des crues soudaines, avec des cumuls de près de 200 mm.

Un bilan humain et matériel dramatique

Avec un bilan dépassant les 210 morts, ces inondations sont devenues l'une des catastrophes les plus meurtrières que l'Espagne ait connues. Les routes se sont transformées en torrents de boue, emportant tout sur leur passage, des voitures aux infrastructures. Les opérations de sauvetage se sont poursuivies pendant plusieurs jours, mobilisant les services d'urgence et l'armée.

Le centre de Barcelone a également été touché lundi 4 novembre par des orages violents, entraînant des inondations localisées et rendant la circulation très difficile. Les dégâts sont considérables dans toute la région de Valence, avec des milliers de foyers privés d'électricité et des dommages matériels qui vont se chiffrer en milliards d'euros. Les recherches sont toujours en cours pour essayer de retrouver des survivants.

Une lente amélioration en cours

Les conditions météorologiques se sont nettement améliorées et l'événement principal est terminé puisque la goutte froide à l'origine de la catastrophe s'est comblée. Toutefois, des orages restent possibles dans la région et sur toute la côte est espagnole jusqu'à jeudi, ce qui pourrait encore perturber les efforts de nettoyage et de reconstruction. Les autorités continuent de recommander la prudence et appellent les habitants à rester vigilants face aux risques de nouvelles averses.

Situation anticyclonique © LCM

Les habitants des zones les plus touchées commencent progressivement à revenir chez eux, tentant de sauver ce qui peut encore l'être. Le bilan de cette catastrophe rappelle l'urgence de renforcer les systèmes de prévention et d'alerte en Espagne, face à des événements climatiques de plus en plus extrêmes dans le contexte du changement climatique global. Il est également un rappel cinglant de la nécessité de repenser la gestion des villes, et de l'urbanisation à outrance qui a également joué un rôle prépondérant dans la catastrophe.