Pluie au sud : pourquoi le Roussillon restera encore à l'écart

Alors que le déficit pluviométrique persiste globalement au sud-est depuis 4 mois, le Roussillon se distingue nettement par une sécheresse remarquable depuis cet automne avec un nouvel hiver très sec pour la deuxième année consécutive. A cela se conjugue des températures élevées pour la saison, qui ont battu des records depuis le 20 janvier avec des pointes entre 25 et 27°C. En montagne, cela se traduit par un manque de neige criant et pénalisant pour la recharge des nappes souterraines.

L'épisode pluvieux qui débutera dès vendredi au sud de la France épargnera le Roussillon, en particulier le département des Pyrénées-Orientales. Comment expliquer une telle récurrence défavorable ?

Pas d'épisodes méditerranéens à l'automne et une tramontane dominante cet hiver

Indice de sécheresse des sols © La Chaîne Météo

L'explication météorologique est simple à comprendre et se résume à ces quelques paramètres principaux :

Il n'y a pas eu d'épisodes méditerranéens cet automne sur cette région, alors que les deux précédentes années (2022 et 2023 avaient été déficitaires). La recharge automnale ne s'est donc pas faite cet automne sur cette zone, alors que le reste de la France a connu, en revanche, un automne exceptionnellement arrosé.

Après l'automne déficitaire en Roussillon, les conditions météo sont restées sèches depuis le début de l'hiver. Avec 7 mm tombés à Perpignan en décembre et 13 mm en janvier, le déficit est proche de 90% sur les Pyrénées-Orientales. Cela s'accompagne également d'un enneigement très réduit en montagne, d'autant plus que la grande douceur en altitude a achevé le manteau neigeux.

Enfin, autre paramètre prépondérant et lié, la présence de la tramontane. Ce vent d'ouest, soufflant des terres, a chassé vers le large les quelques perturbations en approche, qui se sont souvent traduites par un ciel parfois voilé, mais sans la moindre goutte. Ce vent d'ouest a soufflé quasiment deux fois plus que de moyenne sur la région.

Anomalies des vents depuis le 1er novembre © La Chaîne Météo

Les causes de cette situation sont à trouver dans la prédominance de conditions anticycloniques, avec la récurrence d'un puissant anticyclone situé sur l'Espagne et s'étalant sur le bassin méditerranéen. De ce fait, les perturbations circulaient sur la partie nord de cet anticyclone, c'est-à-dire essentiellement sur les deux tiers nord de la France. Cet anticyclone subtropical s'est également accompagné de masses d'air très douces pour cette époque de l'année.

Dégradation du week-end : la tramontane va chasser les pluies

Cumuls de pluie au sud ce week-end © La Chaîne Météo

Il subsistait un espoir de pluie pour ce week-end avec le passage d'une dépression circulant de l'Espagne vers l'Italie. Mais encore une fois, malgré une dégradation du temps, le passage de la perturbation vendredi et samedi sera rapidement suivie de la levée de la tramontane, qui soufflera fortement dès dimanche. Il pleuvra certes un peu tandis que la neige blanchira le Canigou dès 1500 m, mais les quantités de précipitations resteront modestes : on envisage globalement une dizaine de mm seulement sur ce court épisode. Cela constitue donc une très mauvaise nouvelle, d'autant plus que le temps sec reviendra pour la semaine prochaine, à nouveau accompagné de douceur. A plus long terme, nos prévisions saisonnières font état d'un printemps sec et doux : un scénario très inquiétant semble donc se profiler en vue de l'été, si celui-ci devait à nouveau être sec et chaud sur cette zone.