Tempête Ciaran : une bombe météorologique sur le nord dès mercredi
La tempête Ciaran est attendue à partir de mercredi. Ce phénomène suscite beaucoup d'interrogations sur sa force et les régions qui les plus exposées.
Nous vous tenons informés depuis plusieurs jours du risque de formation de la tempête Ciaran en ce milieu de semaine. L'impact le plus important sur le nord et l'ouest de la France se produira entre la nuit de mercredi à jeudi et la journée de jeudi avec des rafales à 140 km/h sur les côtes et jusqu'à 120 km/h dans l'intérieur des terres.
La Chaîne météo : Souvent, quand on entend parler de tempête, on entend aussi parler du courant-jet. À quoi correspond ce courant et quel est son rôle dans une telle situation ?
Gilles Matricon : La formation d'une tempête à nos latitudes tempérées est liée la préexistence d’un vaste système de basses pressions. C'est au milieu de ce système de basses pressions que des dépressions peuvent se creuser et se transformer en tempêtes.
Pour se transformer en tempête, une dépression doit en effet être activée par le courant-jet, qui correspond aux vents forts soufflant en haute altitude vers 9 000 mètres. Plus le courant jet est puissant, plus le risque de transformation de dépression en tempête est important. Ce sera le cas entre mercredi et jeudi sur le centre de l'Atlantique. La dépression Ciaran va être "boostée" par un courant jet atteignant près de 250 km/h, qui va accroître son creusement et donc son dynamisme et sa vitesse de déplacement.
Courant jet lors de la tempête Ciaran © La Chaîne Météo
Peut-on parler de « bombe météorologique » ?
Pour qualifier une tempête de « bombe météorologique », il faut une chute de pression vertigineuse en moins de 24 heures. Ciaran présente cette caractéristique.
En arrivant en entrée de Manche, sa pression est estimée à 955 hPa contre 1000 hPa 24 heures plus tôt sur le centre de l'Atlantique. Entre mardi soir 22 h et mercredi soir 22h, sa pression aura donc chuté de près de 50 hPa. À noter que les rafales de Ciaran atteindront des valeurs équivalentes à celles d'un ouragan de catégorie 1 en arrivant sur la France mercredi soir.
En revanche, on ne parle pas d'ouragan, car la typologie n'est pas du tout la même. Ciaran va se former au centre de l'Atlantique nord et non pas dans les eaux chaudes des tropiques. De plus, un ouragan se définit par son cœur qui est chaud, ce qui ne sera pas le cas de cette tempête.
Une tempête début novembre, est-ce exceptionnel en France ?
La fréquence des tempêtes est la plus importante en saison froide, en hiver de décembre à mars.
Il y a 30 ans, une des plus fortes, si ce n’est la plus violente tempête, touchait la Bretagne et la Basse-Normandie, faisant des dégâts hors normes. À tel point qu’on parle aujourd’hui de "l’ouragan de 1987". Même si sa force s'apparentait bien à celle d'un ouragan avec des vents supérieurs à 200 km/h, il ne s'agissait pas d'un ouragan puisqu'il est né à des latitudes trop au nord pour être défini ainsi.
D'autres tempêtes se sont produites en octobre et novembre, le 27 novembre 1983 août avec 130 km/h au Mans, celle du 23 novembre 1984 qui a donné lieu à des vents à 148 km/h à Dunkerque, la tempête Rebekka du 6 novembre 2000 avec 112 km/h de vent à Clermont-Ferrand, et plus près de nous, la tempête Quendreza du 4 novembre 2014 et Amélie du 3 novembre 2019.
La survenue de la tempête Ciaran début novembre est donc relativement précoce comparée à la moyenne. Mais ce qui va rendre cette situation exceptionnelle, c'est la survenue 48 heures plus tard d'une nouvelle tempête qui concernera la même région, c'est-à-dire l'ouest de l'Europe. La tempête de samedi pourrait circuler plus au sud que la tempête CIARAN.
En conséquence, les régions les plus exposées en France pourraient s'étendre du sud-ouest au nord-est. Mais la fiabilité concernant cette trajectoire et la force des vents est encore à affiner vu l'échéance relativement lointaine de la survenue de cet événement. Des vents à près de 120 km/h sont envisagés au bord de l'Atlantique et près de 100 km/h dans les terres.
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