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Sécheresse : pourquoi la situation reste préoccupante malgré les pluies ?

Cyrille DUCHESNE

Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le

Depuis une semaine, on a retrouvé un temps perturbé sur la France avec des perturbations actives qui ont donné en moyenne 40 millimètres de pluie, ce qui correspond à 15 jours de précipitations en une semaine. Si ces pluies ont pu mettre fin à la sécheresse de surface, la sécheresse hydrologique (niveau très bas des nappes phréatiques) est plus que jamais d'actualité.

Des pluies copieuses mettant un terme à la sécheresse de surface

Depuis le 8 mars, les perturbations circulent à nouveau sur l'Europe de l'ouest et la France. La plupart des régions ont pu profiter de ces pluies bénéfiques pour la nature, à l'exception des régions proches de la Méditerranée. Le Roussillon reste particulièrement sec avec seulement 3 millimètres tombés à Perpignan depuis le début du mois alors qu'il tombe en moyenne 52 mm en mars. Même constat du côté de Nice avec 1,2 mm pour une moyenne de 51 millimètres. A noter que sur ces régions les mois de janvier et février avaient déjà été exceptionnellement secs.

Cumuls de pluie contrastés du 1er au 15 mars © La Chaîne Météo

Les régions ayant le plus profité des passages pluvieux de ces derniers jours sont le centre-ouest du pays et les Alpes. Ainsi à Bordeaux et Cognac, il est tombé respectivement 72 et 60 millimètres, soit l'équivalent d'un mois de pluie. Dans les Alpes du Nord, la perturbation pluvio-orageuse de lundi dernier a été particulièrement active donnant des cumuls de pluie de 30 à 60 mm en 24 heures. Sur les 8 derniers jours, il est tombé 130 mm à la station de Bourg-Saint-Maurice (73), soit l'équivalent d'un mois et demi de pluie ! Une très bonne nouvelle pour le massif alpin après une longue période hivernale sans la moindre précipitation.

Nette amélioration de la sécheresse de surface © La Chaîne Météo

Après cette période de pluie de quelques jours, la sécheresse agricole (entre 0 et 1 mètre de profondeur) a nettement reculé. Au nord, seul l'ouest du Bassin parisien conserve des sols un peu secs. Au sud, l'amélioration est notable à l'exception du Languedoc-Roussillon et de la région PACA où la sécheresse des sols reste exceptionnelle pour la saison. Et les prévisions météo pour ces prochains jours ne sont pas très optimistes avec de trop rares précipitations...

Des pluies qui n'ont que peu profité aux nappes phréatiques

Dans son dernier bulletin hydrologique du 1er mars, le BRGM mettait en garde sur une situation hydrologique exceptionnelle en lien avec des niveaux de nappes phréatiques particulièrement bas pour la saison. Ce qui est inédit, c'est que l'ensemble de la France soit touché par des niveaux de nappes très bas, à quelques rares exceptions près...

Etat des nappes phréatiques au 15 mars © La Chaîne Météo

Les dernières pluies ont surtout servi à humidifier la couche superficielle du sol, mais n'ont pas vraiment permis de remplir les nappes phréatiques, à l'exception des secteurs les plus arrosés (centre-ouest et façade est du pays). Phénomène rare à cette époque de l'année, les niveaux de nappe ont baissé pendant le mois de février en l'absence de précipitations significatives. On peut espérer une petite recharge des réserves en eau souterraine si les pluies se poursuivent d'ici à la fin du mois, comme le laissent envisager nos prévisions. Mais il ne faut pas compter sur une amélioration notable de la situation, d'autant qu'à partir de la mi-avril, la majeure partie des pluies servent à la croissance des plantes. Avec la hausse des températures, l'évapotranspiration des plantes augmente et les besoins en eau deviennent nettement plus importants.

Nappes phréatiques : une situation pire qu'il y a un an © La Chaîne Météo

Il est intéressant de comparer la situation hydrologique de cette année avec celle de l'année dernière à la même époque. Au 1er mars 2022, on observait déjà 63% des nappes phréatiques présentant un déficit hydrologique après un hiver pas assez arrosé. La situation est encore plus critique cette année puisque cet hiver 2022-2023 constitue la 5ème saison d'affilée avec des précipitations inférieures à la normale. Une situation qui n'augure rien de bon pour la période estivale...

Nos prévisions saisonnières indiquent que les mois d'avril et mai pourraient renouer avec des précipitations un peu insuffisantes avec des températures supérieures aux normales de saison. Des conditions météo qui ne seraient donc pas favorables et font craindre d'importantes restrictions d'eau l'été prochain.

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