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Volcan de la Soufrière à St Vincent : quel impact sur le climat ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Le volcan de la Soufrière sur l'île de Saint Vincent (Petites Antilles) est entré en éruption la semaine dernière, avec plusieurs explosions paroxysmales provoquant des nuages de cendres s'élevant à près de 16000 m d'altitude dans la stratosphère. C'est l'occasion de rappeler que le volcanisme a un impact non négligeable sur le climat en le refroidissant.

Le volcan de la Soufrière, sur l'île de Saint-Vincent aux Petites Antilles, a connu une violente éruption depuis la semaine dernière. Ce volcan, qui était inactif depuis 1979, a provoqué un panache de cendres montant dans la stratosphère jusqu'à 16000 m d'altitude. Là haut, la température est de -80°C. Ce panache de cendres est particulièrement visible sur les images du satellite.

La Martinique n'est pas menacée

Les vents dominants en haute altitude soufflent vers l'est : ainsi, le nuage de cendre se dirige vers l'Atlantique en passant sur l'île voisine de la Barbade, qui s'est retrouvée plongée dans une pénombre de cendres. les habitants de ces îles avaient été évacués à temps, avant l'éruption. La Martinique, située à quelques 200 km au nord, ne serait donc pas concernée par le nuage de cendre, ou alors dans de faible proportion, car les vents en surface pourraient remonter provisoirement du sud-est, apportant alors quelques particules de cendres périphériques issues du volcan.

Quel impact sur le climat?

Le rôle des éruptions volcaniques sur le climat (en anglais) est désormais assez bien connu, et il est clair qu'elles ont une incidence directe sur les températures en propulsant dans l'atmosphère des quantités plus ou moins grande de cendres et de suies. Il est admis que les éruptions majeures entraînent un refroidissement temporaire du climat.

Les éruptions volcaniques majeures ont entrainé dans le passé des refroidissements climatiques temporaires, ayant parfois eu des répercussions sur l'ensemble de la planète. Ces grandes éruptions projettent dans la haute atmosphère de grandes quantités d'anhydride sulfureux, ce qui a pour conséquence de réflechir vers l'espace une partie des radiations solaires. Ce fut le cas du volcan indonésien Tambora en 1815 ("l'année sans été" car il avait fait froid toute l'année suivant l'éruption). Plus près de nous, de puissantes éruptions ont fait baissé les températures planétaires de 0,2° à 0,6° (en général, donc moins de 1°C de baisse, ce qui est déjà considérable) tel que le volcan El Chichon (Mexique, 1982) et surtout le Pinatubo (Philippines, 1991), qui avait projeté 20 millions de tonnes de soufre . Mais depuis les années 2000, les éruptions massives se sont calmées pour laisser place à de multiples éruptions modérées, qui crachent dans l'atmosphère des panaches de cendre et de suie assez fréquents. Il est admis que certaines particules absorbent une infime partie du rayonnement solaire lorsqu'elles sont suffisament hautes dans l'atmosphère (entre 15 000 et 20 000 m d'altitude). Ces cendres, présentes au-dessus de la troposphère, ne peuvent plus retomber au sol et s'étalent jusqu'à faire parfois le tour de la planète. Elles provoquent dès lors un léger réchauffement à des hautes altitudes mais entrainent également un léger refroidissement de la surface de la terre et même de l'océan. Même minime, ce refroidissement est capable d'engendrer des hivers plus froids et des gelées tardives.

Selon des études scientifiques, les multiples éruptions volcaniques modérées qui se sont produites dans la décennie 2000 auraient pu ralentir le réchauffement climatique "théorique" de l'ordre de 0,12°C. Il faut savoir, en effet, que les modèles numériques climatiques "ne prennent pas en compte les effets des éruptions volcaniques, car elles sont quasiment impossibles à prévoir sur le long terme" (Alan Robock, climatologue à l'Université Rutgers (New Jersey).

En conclusion, les volcans actuellement en éruption sur la planète ne sont pas capables de refroidir le climat car ils n'ont pas propulsé suffisament de cendres dans la haute atmosphère. Dans le cas de la Soufrière, il faudrait alors que cette éruption se poursuive à ce rythme pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois pour refroidir le climat, et notamment l'été de l'hémsiphère nord, comme l'avait fait très légèrement l'éruption du volcan islandais Eyjafiol en 2010. Mais à ce jour, nul ne peut encore prévoir la durée de cette éruption.

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