Sibérie : pourquoi a-t-il fait jusqu'à 38°C ?
C’est arrivé au-delà du cercle arctique ce samedi 20 juin. La température a atteint dans l’une des villes les plus froides de l’hémisphère nord, Verkhoïansk, 38°C. Du jamais vu à cette latitude.
Le week-end dernier, Verkhoïansk, petite ville de Sibérie, a enregistré une température impressionnante, jamais vue : 38°C. À cette époque de l’année, la température moyenne est plutôt de 20°C. Cette température, hors norme, constitue pour la ville un nouveau record absolu de chaleur, battant les 37,3°C du 25 juillet 1988. C’est également la température la plus élevée jamais relevée au-dessus du cercle arctique.
Very good placement of station, 150 years of tradition (one of the longest in Russia). Hard to believe that it would be some kind of DV 1913, Lingen 2019 or so :-) pic.twitter.com/4t0vAcLo51
— Zdenek Nejedly (@ZdenekNejedly) June 20, 2020
La station de Verkhoïansk dispose de relevés météorologiques depuis 1885. Autant dire que c’est une station avec une certaine ancienneté dont les relevés font autorité. Mais ce n’est pas tout : cette station, avec Oïmiakon, est considérée comme l’un des points les plus froids dans l’hémisphère nord. La température la plus basse enregistrée remonte à 1892 avec un glacial -67,8°C. En raison de son climat continental, il peut arriver que les étés soient très chauds et que la température dépasse allègrement les 30°C. Sans jamais atteindre toutefois cette température de 38°C, inédite à cette latitude (67° de latitude).
Comment expliquer ce record ?
Deux raisons peuvent expliquer ce record. La première est bien sûr météorologique. La situation de ce 20 juin sur la région était exceptionnelle. La région de Verkhoïansk était surplombée par un puissant dôme de hautes pressions.
Cette situation s'explique par la mise en place d'un dôme anticyclonique chaud en altitude, situation météo typique des canicules, visible sous forme de bulle rouge foncé tenace. Ce à quoi il faut ajouter l'influence du réchauffement climatique, amplifié en Arctique pic.twitter.com/hOUbIXIFWy
— Gaétan Heymes (@GaetanHeymes) June 20, 2020
De même, la masse d’air en altitude (850 hPa) était très chaude : plus de 21°C selon un radiosondage vertical sur place ! Avec les hautes pressions, la masse d’air a subi un suradiabatisme, c’est-à-dire un réchauffement à cause des hautes pressions. Au sol, la température a donc grimpé, s’est envolée même jusqu’à 38°C. Nouveau record de chaleur à Verkhoïansk donc, mais aussi pour le cercle arctique.
La deuxième raison est très probablement climatique. La Sibérie vit depuis le début d’année 2020 des anomalies de température très positives. Autrement dit : il y fait chaud, beaucoup trop chaud. On considère aujourd’hui que la Sibérie se réchauffe deux fois plus vite que le reste du globe. Dans ce contexte de réchauffement climatique, il n’est pas surprenant d’observer des températures toujours plus élevées.
© BerkeleyEarth.org
Ce lundi, les maigres doutes émis envers cette mesure ont été balayés par l’Organisation Météorologique Mondiale. La valeur a aussi été confirmée par un responsable du département d’hydrométéorologie et de surveillance de l’environnement de Yakoutie.
Quelles conséquences ?
Des feux de forêt ravagent déjà la région. Il est vrai que ceux-ci ont toujours eu lieu. Toutefois, ils sont bien plus précoces en raison de températures toujours plus élevées et d’une sécheresse importante. De même, l’intensité des feux n’en est plus que plus importante.
[UPDATE] Des centaines de feux boréal en Sibérie en une semaine. Un embrasement général visible depuis l'espace après des températures sans précédent sur les zones arctiques (anomalie fortement positive depuis 5 mois !). Le nuage de cendre fait maintenant >2000km de longueur ! pic.twitter.com/k4AfWFaKRT
— Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) June 22, 2020