Coronavirus : vers une dégradation de la prévision météo ?
La fiabilité des prévisions météorologiques pourrait connaître une dégradation au cours des prochaines semaines en raison de la pandémie du coronavirus COVID-19.
Récemment, et en cette période de confinement, nous nous sommes intéressés tantôt à l'influence indirecte du covid-19 sur la qualité de l’air, tantôt au rôle des températures et de l’humidité sur sa propagation et sa mortalité. Aujourd'hui, nous vous expliquons les risques que fait peser le coronavirus sur la qualité de la prévision météo. Afin de comprendre l'impact que pourrait avoir ce virus sur les prévisions que vous consultez chaque jour, il convient tout d'abord de comprendre comment est faite une prévision météo.
Les différentes étapes qui mènent à la prévision météo
Une prévision météo passe par 4 étapes : l'observation, l'assimilation, la modélisation ou prévision numérique et l'expertise humaine.
La première étape consiste en la récupération des données d’observation sur l’ensemble de la planète. Ces données, qui proviennent de satellites, de radars, de ballons sonde, de capteurs aériens, maritimes et terrestres, permettent d'établir un état précis de l'atmosphère.
La deuxième étape consiste à l'assimilation de ces données dans le modèle numérique. Ces données sont ensuite intégrées au cours d'une troisième étape dans un schéma d'équations complexes qui permet de modéliser l'évolution future de ces données. Alexis Vandevoorde, ingénieur météo à La Chaîne Météo, résume ainsi ces deux étapes :
“Les modèles météorologiques utilisent des observations atmosphériques, marines et terrestres mondiales au cours d'une étape appelée assimilation de données. Ces données à un instant t0 sont ensuite intégrées au sein d'un schéma d'équations complexes qui permet de modéliser leur évolution à différents instants futurs”
Quatrième et dernière étape : une fois que le modèle météo a fini de faire tourner toutes ces équations avec les données d'observation, le résultat est un ensemble de données brutes, qui sont ensuite expertisées et travaillées par les météorologues afin d'aboutir à la prévision météo que vous consultez chaque jour.
La baisse du nombre des vols : un risque pour la qualité de la prévision
Pour comprendre l'impact que pourrait avoir le COVID-19 sur la prévision météorologique, il convient de remonter à la première étape de la production des prévisions météo : l'observation. En effet, parmi les capteurs aériens utilisés pour réaliser ces relevés, se trouvent les vols commerciaux, qui quadrillent le ciel de la planète. Les pilotes à leur bord collectent les données de température ainsi que des données sur la force et la direction des vents. Ces données sont ensuite communiquées aux différentes agences météorologiques dans le monde, via le programme AMDAR (Aircraft Meteorological Data Relay) opéré par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Avec les relevés satellitaires, ces données recueillies par l’aviation sont l’une des sources des plus importantes d'information pour l'amélioration de la fiabilité des prévisions.
© Organisation Météorologique Mondiale
Avant le coronavirus COVID-19, l'ensemble des rapports quotidien envoyés à l’AMDAR était supérieur à un million. Depuis quelques jours, ce nombre a chuté de 50%. Or, selon une étude dirigée l’année dernière par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT en français, ECMWF en anglais), l’absence totale de ces rapports engendrerait une dégradation de la prévision de vent et des températures de 15% sur 7 jours.
© ECMWF, trafic aérien au 2 mars 2020
© ECMWF, trafic aérien au 23 mars 2020
C’est sur la base de ces éléments que l'on peut donc s’attendre, au cours des prochains jours et des prochaines semaines, à une dégradation de la prévision météorologique. Les données étant plus partielles qu’à l’ordinaire, les modèles de prévision simuleraient moins précisément notre atmosphère.
Source :
Drop in aircraft observations could have impact on weather forecasts, ECMWF