Retour sur la crue majeure de la Seine début juin 2016 à Paris
Si cette fin de mois de mai et ce 1er juin 2024 vous paraissent "pourris", il y a tout juste 8 ans, au début du mois de juin 2016, la situation était encore pire avec des pluies diluviennes et une très importante crue de la Seine à Paris. Dans la situation météo actuelle et celle de fin mai et début juin 2016, une goutte froide est à l’origine de ce temps très automnal.
Entre la fin mai et le début juin 2016, la Seine subissait une crue importante : elle atteignait son plus haut niveau depuis 1982, une hauteur de 6,10 m le 3 juin 2016. Il ne s’agissait pas d’une crue majeure pour autant, malgré les nombreux débordements, puisqu’on parle de crue majeure dès lors que la Seine atteint la barre des 7,13 m.
L'onde de crue avait lentement descendu de la Seine vers la Normandie avec, en plus, des coefficients de marée de 90 à 100 fin mai, freinant l'écoulement de la crue entre Rouen et le Havre.
La crue avait concerné Melun (77), Longjumeau (91), Suresnes dans le 92 (où on a dépassé la côte de la crue de 1982), mais aussi Poissy (78) et Elbeuf (76). A Mantes (78), les niveaux sont restés proches du seuil atteint lors de la dernière crue notable de 2001.
Le printemps le plus pluvieux depuis 150 ans à Paris
Alors que le mois de mai 2016 avait déjà enregistré un record de pluie avec 178,6 mm constatés entre le 1er et le 31 (précédent record : 133 mm en mai 1992), les chiffres globaux de la saison affichaient des valeurs également exceptionnelles. Ainsi, du 20 mars au 20 juin 2016, la station météo référence de Paris située dans le Parc Montsouris avait recueilli 320,9 mm de pluie, ce qui bat le précédent record datant de 1928 avec ses 277 mm. Ce printemps pluvieux est tout simplement inédit depuis le début des relevés dans la capitale, datant de 1873. D'autres records ont également été enregistrés dans les Yvelines, l'Essonne, la Seine-et-Marne ou encore en région Centre-Val de Loire.
Une crue importante pour Paris
« Fluctuat Nec Mergitur » : telle est la devise de la ville de Paris (« elle flotte mais ne coule pas »). Cette maxime rappelle que la capitale, étant située en aval de la confluence de la Marne, du Grand Morin, du petit Morin et de l’Yonne avec la Seine, reste sous la menace éventuelle d’une crue majeure du fleuve. A cet égard, la crue historique de 1910 reste la référence majeure de notre époque contemporaine. Plus près de nous, la crue de 2001 avait été remarquable mais déjà dépassée en 2016. Depuis lors, la cote du fleuve est restée dans les normes malgré quelques périodes de hautes eaux habituelles en hiver.
Néanmoins les crues du printemps 2016 ont prouvé que de fortes précipitations peuvent entraîner des débordements majeurs sur les affluents de la Seine et sont capables de faire réagir le fleuve jusqu’à la capitale. Les lacs-réservoirs, censés protéger Paris des crues, ne pouvaient plus retenir l'eau de la Seine et de ses affluents en 2016, créant une situation exceptionnelle.
© La Chaîne Météo
Aucune comparaison avec la crue centenale de 1910
Même si les niveaux étaient élevés, rappelons que la crue centenale de l'hiver 1909 - 1910 avait atteint 8,62 m au niveau du pont de l'Alma, plongeant l'Ile-de-France sous les eaux pendant 3 mois. Rappelons aussi que la grande crue de 1910 était une crue hivernale, or la crue de 2016 avait eu lieu en saison "estivale" avec une végétation qui pouvait capter l'eau.