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El Nino provoquera-t-il un été chaud cette année ?

Regis CREPET

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Le phénomène El Nino est confirmé pour cette année, et devrait persister jusqu'en fin d'été. Alors que nos prévisions saisonnières n'indiquent pas encore d'anomalie particulière (ni chaude, ni froide) pour cet été 2019 en France, les statistiques liées à El Nino indiquent majoritairement un été chaud et orageux. Les résultats de ces statistiques sont-ils fiables ? Analyse de notre météorologue Régis Crépet.

Comme nous l'avions indiqué lors de l'automne dernier, le phénomène El Nino d'intensité faible s'est mis en place dans l'océan Pacifique, et devrait se prolonger jusqu'à cet été. Les dernières mises à jour (1) indiquent même une forte probabilité que ce El Nino 2019 se prolonge au-delà de l'été. Cette anomalie des températures des eaux de surface de l'océan est capable d'influencer une partie du climat planétaire. L'une des conséquences statistiques est l'occurrence d'étés chauds et orageux sur l'Europe de l'ouest, mais rien n'est systématique dans ce domaine.

© La Chaîne Météo

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L'été dernier a été très chaud et sec en France : on se souvient de la canicule en juillet, et de la sécheresse qui s'était prolongée jusqu'en octobre. Cette année, il n'y a pas de signal particulier concernant le prochain été, qui pourrait être assez chaud mais surtout sec, ce qui serait problématique en raison d'un déficit pluviométrique qui s'est prolongé cet hiver.

© La Chaîne Météo

Des statistiques à nuancer

Le phénomène El Nino dans l'océan Pacifique a entrainé une surchauffe planétaire majeure en 2015. Désormais, après une période "neutre" (sans anomalie notable), les conditions d'un faible El Nino sont apparues cet hiver et pourraient se prolonger jusqu'en été et même jusqu'à l'automne avec une fiabilité supérieure à 60 %. Si les relations de causes à effets sont mal connues en Europe et notamment en France, une étude statistique fait ressortir quelques dénominateurs communs pour notre pays.

Ainsi, en cours d'épisode El Nino, comme c'est le cas cette année, les hivers sont majoritairement très doux, puis les printemps sont frais et humides. Ensuite, les étés sont chauds (parfois même très chauds) et surtout très orageux, ce qui constituerait une nuance par rapport à l'été dernier.

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Des différences en fonction des saisons

Mais il convient d'apporter des nuances importantes à ces statistiques : les conséquences sont différentes selon l'importance du phénomène El Nino, et même selon que l'on soit en début ou en fin d'épisode. Cet hiver, par exemple, n'a pas présenté les symptômes habituels (ainsi, l'hiver est très froid sur l'ensemble de l'Amérique du Nord, ce qui est atypique). On peut penser que l'impact ne sera pas non plus très conforme pour ces prochains mois, car le Nino actuel est assez faible et devrait faiblir après un pic entre ce mois de mars et avril. Néanmoins, méfiance, car les étés qui ont suivi les épisodes El Nino ont été parfois très chauds : parmi ces étés chauds "post El Nino", figurent quelques cas mémorables tels 1983 ou encore 2003, marqués par de sévères canicules. D'une façon plus fiable, c'est le caractère très orageux qui l'emporte dans cette étude statistique (comme en 1998 par exemple).

Dans des cas minoritaires, les étés ont été "normaux", et rarement même froids.

© La Chaîne Météo

Eté 2019 : à quoi s'attendre ?

Indiquons qu'il s'agit ici d'une pure étude statistique : on ne peut pas s'en servir comme d'une prévision saisonnière mais comme d'une simple probabilité. Pour fiabiliser cette tendance, il faudra attendre les prochaines actualisations de nos prévisions à long terme afin de voir si nos modèles numériques envisagent des anomalies qui pourraient conforter ou infirmer cette statistique. Les mises à jour sont effectuées chaque 10 du mois.

© La Chaîne Météo

El Nino en détails : un réchauffement cyclique et naturel

«El Niño» est le nom donné à une anomalie chaude des eaux de surface de l’océan Pacifique oriental, tandis que «la Niña» est son inverse : une anomalie froide des eaux de cette même partie du Pacifique. D’une façon plus globale, ce phénomène océanique cyclique concerne l’ensemble du Pacifique par un effet de bascule : lorsque les eaux se réchauffent d’un côté, elles se refroidissent de l’autre, entraînant des modifications climatiques profondes sur le pourtour du Pacifique mais aussi en d’autres régions du Globe. Il s’agit donc d’un effet de balancier cyclique des températures des eaux de surface de l’océan Pacifique entre l’Australie et les côtes ouest américaines, de la Californie au Pérou et au nord du Chili. D’une façon plus globale, les périodes El Niño entraînent un réchauffement global planétaire, tandis que les années Niña sont majoritairement plus froides. Ces variations cycliques naturelles ont toujours existé, mais il est encore aujourd'hui difficile d'expliquer le phénomène déclencheur.

On constate qu’El Niño est un dérèglement climatique d’une périodicité de 6 à 10 ans. Le dernier grand épisode est celui de 2015 - 2016, responsable d’un pic de chaleur planétaire qui reste le point culminant du réchauffement climatique contemporain. Auparavant, celui de 1998 était le plus puissant.

A contrario, la décennie 2000 - 2010 était à dominante "La Niña" et explique en partie plusieurs années de "plateau" dans le réchauffement climatique et le retour des hivers froids dans l’hémisphère nord.

(1) International Research Institute for Climate and Society

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