Orages et animaux : leurs comportements expliqués
Pression, électricité et humidité ont un impact prouvé sur beaucoup d’êtres vivants, les animaux de compagnie comme les animaux sauvages.
Beaucoup de propriétaires d'animaux constatent une modification du comportement de leurs compagnons lorsque le temps devient instable. Selon un sondage de La Chaîne Météo réalisé sur notre page Facebook en 2014, 70% de nos internautes ont été témoins d'un stress provoqué par les orages sur leurs animaux de compagnie, avant, ou pendant l'événement.
D'après le docteur Simon Robson, de l’Université James Cook aux Etats-Unis, la plupart des animaux, de compagnie ou sauvages, sont sensibles à la baisse de la pression atmosphérique. En météorologie, celle-ci témoigne d’une dégradation du temps (pluie, orage…). C’est donc justement cette pression qui est à l’origine des comportements nerveux (anxiété, hyperactivité, voire agressivité) de nos animaux à l’approche des orages. Alors comment expliquer que certains animaux ne présentent aucun changement de comportement à l’approche d’orages et de tempêtes quand d’autres émettent des signes de nervosité extrême ? Tous comme les humains, certains y sont sensibles et d’autres pas. Chez les humains, la baisse de pression est connue pour déclencher des douleurs (tête, cou, genoux…) chez les personnes déjà sensibles aux migraines, aux problèmes de circulation sanguine et aux rhumatismes chroniques. Cependant, la majeure partie de la population n’y est absolument pas sensible.
Pression, mais aussi électricité et humidité
En dehors de la pression, l’électricité et l’humidité sont deux autres facteurs capables d’influencer les animaux.
Les poissons : il a été prouvé que les requins avaient tendance à plonger dans des eaux plus profondes plusieurs jours avant l’arrivée d’un cyclone, justement en raison du haut niveau d’électricité conduit dans l’eau par le phénomène à l’approche. Dans les zones littorales où certaines espèces de poissons ont tendance à jeter hors de l'eau pour attraper les insectes, les observateurs remarqueront qu'ils le font beaucoup plus avant l'arrivée d'un orage. La raison ? Les insectes sont tout simplement plus présents.
Les oiseaux et les insectes : comme le proverbe populaire le dit, les hirondelles volent bas par temps orageux : l'augmentation du degré d’humidité dans l'air avant la pluie pèse sur les insectes qui redescendent alors vers le sol, les oiseaux en profitent alors pour voler bas pour se nourrir. Les insectes piquent d'ailleurs d'avantage les humains et les animaux avant un orage : en plus de voler plus beau, la peau humaine (et celles de certains mammifères) dégage une substance spéciale lorsque le temps est lourd. Cette substance attire d'autant plus les insectes sur notre corps. Chez les abeilles, c’est la survie de la colonie qui prime : quelques heures avant l'arrivée de la pluie ou d'un orage, elles reviennent en nombre vers leur ruche. Le même constat est souvent fait avec les volailles : le coq va parfois appeler les poules avec un signal d'alarme leur demandant de rentrer au poulailler avant l'orage. Selon Jessika Toothman de la revue scientifique How Stuffs Work, la sensibilité aux paramètres physiques de la météo dépend des besoins spécifiques de l’espèce : les oiseaux évaluent par exemple la pression barométrique pour choisir leur période de migration (afin d’assurer la sécurité de leur voyage).
Les chevaux : les chevaux sauvages sont aussi sensibles à la pression et l’électricité, mais surtout à l’humidité de l’air, car la foudre et la pluie les mettent en danger sur de vastes plateaux sans abri. Ils sont également capables de ressentir l’humidité des nappes d’eau souterraines pour se diriger vers des sources d'eau. Le comportement de nos chevaux domestiques s'en ressent, surtout lorsqu'ils vivent au pré : avant l'orage, ils ont tendance à s'agiter en groupe, sillonnant leur enclos de long en large avec nervosité et agacement. Ceux-ci cherchent simplement un abri, ou lorsqu'ils en ont déjà un, un plateau moins exposé à l'arrivée du mauvais temps. Mais cela est impossible dans un pré cloturé où ils sont contraints de rester sur place, d'où leur agitation. La plupart du temps, les chevaux broutent au face au vent pour sentir l'odeur d'un éventuel prédateur sui rôderait dans les parages. Un vieux proverbe de cowboy américain dit : "Queue de cheval vers l'ouest, beau temps à l'approche. Queue de cheval vers l'est, mauvais temps à l'approche". Le proverbe peut sembler farfelu mais à un véritable fondement météo : aux Etats-Unis, la plupart des grosses dégradations orageuses viennent du sud-sud est. En France, elles viennent par contre souvent du sud-ouest. Dans ce cas, il s'agit juste d'une question de vent qui oriente la queue du cheval d'un côté ou de l'autre !
Les chiens et les chats : les sens de nos animaux de compagnie sont également bien plus développés que les nôtres : l’ouïe des chiens et des chats leur permet d’entendre l’orage à plusieurs kilomètres. Mais il semblerait que ce soit en priorité l’électricité de l’air qui soit responsable des comportements nerveux de la plupart des animaux domestiques. L'instinct des animaux de compagnie les poussent à chercher à se réfugier dans des endroits exigus et abrités, comme la pièce des toilettes, la baignoire (voir vidéo), ou sous un lit (voir vidéo). Les plus nerveux vont jusqu'à gratter le sol frénétiquement, un comportement naturel qu'ils feraient dans la terre pour se "terrer" dans le sol s'ils vivaient dehors. Depuis quelques années, certains vétérinaires recommandent l'utilisation des "vestes à orages" ("thundershirt") pour calmer les chiens et les chats anxieux : il semblerait que les points de pression appliqués par la veste sur le corps aient un effet calmant. Ces points de pression réduiraient également la sensibilité des animaux aux paramètres physiques d'une dégradation du temps (pression atmosphérique et électricité).
L’état actuel des connaissances scientifiques ne permet donc pas de prétendre que les animaux sont capables de prévoir la météo, mais ils sont, avec certitude, hautement sensibles aux paramètres physiques de la météo, et cela, bien avant que l'humain ne puisse les ressentir.