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Crue centennale à Paris : les franciliens s'y préparent

Cyrille DUCHESNE

Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le

Du 7 au 18 mars, la préfecture de police de Paris simule une crue majeure de la Seine et de la Marne. A l’occasion de cette opération baptisée EU Sequana 2016, La Chaîne Météo revient sur le risque de crue en Ile-de-France et la crue historique de 1910 qui avait ravagé la capitale.

Le principal risque naturel susceptible d'affecter l'Ile-de-France et ses 12 millions d'habitants est une crue de grande ampleur à Paris. La dernière crue ayant engendré des inondations majeures dans la capitale fût la crue de l'hiver 1910. Si un tel évènement se produisait aujourd'hui, il entrainerait, selon une récente étude de l'OCDE, 30 milliards d'euros de dommages et aurait un impact considérable sur le quotidien des franciliens.

Afin d'anticiper cette situation, l'exercice EU Sequana 2016, soutenu dans sa préparation et son financement par l'Union européenne, est une simulation de la montée des eaux de la Marne et de la Seine et leur débordement. Cette opération a trois objectifs :

- rassembler les partenaires et acteurs franciliens autour d'un exercice de gestion de crise à ampleur européenne pour renforcer la coordination de leurs actions.

- faire fonctionner le mécanisme européen de protection civile.

- focaliser l'attention des populations sur le phénomène de crue.

© La Chaîne Météo

1910, une crue centennale

La crue de janvier 1910 a marqué durablement les esprits en raison de sa soudaineté et par les dégâts immenses qu'elle causa 4 ans avant la grande guerre. Un évènement d'une telle ampleur se produit statistiquement tous les 100 ans, d'où le qualificatif de centennale qui lui est attribué. Mais bien que centennale, la survenue d'une telle crue deux années consécutives n'est dans les faits pas impossible. En effet les épisodes pluvieux n’ont pas de régularité sur une échelle d’un siècle.

La crue de 1910 fût liée à la conjonction de 3 paramètres :

- De très fortes pluies intervenants sur des sols gelés

- Une fonte de la neige tombée les semaines précédentes

- Des crues majeures des affluents de la Seine, notamment l’Yonne, le Loing et le Grand Morin dont les pics de crue convergèrent en même temps vers l’aval pour aboutir concomitamment dans la capitale.

A cette époque, les infrastructures de rétention des eaux étaient inexistantes, la crue fut donc brutale. Depuis, la capitale a mis en place des moyens de limiter l'impact d'un tel évènement grâce à de grands lacs de rétention, dont le rôle est de limiter la puissance de l'onde de crue en l'étalant dans le temps. Quatre grands lacs remplissent ce rôle : les lacs réservoirs Marne, Seine, Aube ainsi que le lac réservoir de Pannecière.

Que se passerait-il en cas de trop-plein de ces lacs ?

Une crue majeure ne serait pas évitable, mais serait retardée, permettant de prendre les mesures de précaution et d’évacuation nécessaires dans les zones urbanisées. Le scénario serait tout de même catastrophique : de récentes études indiquent que Paris serait plus vulnérable à une crue qu'en 1910 en raison de l’extension de l’urbanisation ; 4 à 5 millions d’habitants seraient impactés dont plus d’un million privés d’électricité et d’eau potable pendant plusieurs semaines. Un retour à la normale prendrait plus d’un mois et demi, et le coût financier pourrait avoisiner 20 et 40 milliards d’euros.

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