Douceur exceptionnelle : la nature déboussolée
Par Cyrille DUCHESNE, météorologue
mis à jour le
S'il est agréable de se promener sous le soleil par 15°C à Noël sans gants ni bonnets, la nature est un peu moins habituée à connaître de telles températures à cette période de l'année. Des arbres se mettent à fleurir en ce début d'hiver tandis que les abeilles ne rentrent toujours pas en hibernation...
La douceur que nous connaissons depuis le début du mois de décembre est remarquable à la fois par sa durée et son intensité. De nombreux records de chaleur ont été battus sur les régions du nord et de l'ouest mais aussi sur l'ensemble de nos montagnes. Cette douceur nous accompagnera jusqu'en fin d'année en raison de la persistance d'une masse d'air doux et des vents de sud à sud-ouest d'origine subtropicale.
Conséquences positives : des économies de chauffage...
Une des conséquences heureuses pour le porte-monnaie des français : des économies de chauffage réalisées en ce début d'hiver particulièrement doux. Ces conditions favorisent les activités en extérieur, les promenades dans les parcs et jardins, les déjeuners en terrasse dans les régions les plus douces et ensoleillées.
Les régions situées en bord de mer profitent également de ce temps clément pour voir l'arrivée de touristes ou de vacanciers en plus grand nombre. Certains ont d'ailleurs annulé leur séjour à la montagne pour quelques jours de vacances en bord de mer.
Conséquences négatives : la nature bouleversée
La végétation a bien du mal à prendre ses quartiers d'hiver. Les dernières feuilles des arbres peinent à tomber tandis que certains arbres se mettent à fleurir dans les parcs et jardins. Plus insolite, quelques fraises et framboises se sont remises à murir dans les jardins les plus abrités.
© La Chaîne Météo
Du côté des maraîchers, l'inquiétude est réelle. Chez les producteurs de mâches du pays nantais, la surproduction entraîne des pertes importantes. Même son de cloche chez les producteurs de choux fleurs de Bretagne où la production de décembre à deux mois d'avance sur le calendrier. La douceur modifie nos habitudes alimentaires avec une moindre consommation des légumes d'hiver.
Comportements différents et adaptation également chez les animaux. Les abeilles profitent des beaux jours et tardent à hiberner. Les insectes et parasites prolifèrent dans les jardins. Dans les zoos, les girafes sortent encore grâce aux températures qui dépassent le seuil de 12°C l'après-midi.
© La Chaîne Météo
Les montagnes pénalisées par le manque de neige
La douceur persistante et l'absence de précipitations sur les reliefs pénalisent fortement les stations de montagne. Celles de basse altitude sont fermées. En moyenne et haute altitude, elles ne peuvent ouvrir partiellement. Certes la production de neige artificielle a permis de sauver certains domaines skiables mais ce n'est pas le cas partout. Cela a un coût et les nuits sont parfois trop douces pour mettre en fonction les canons à neige.
