Tempêtes du siècle : il y a 15 ans
Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le
Il y a 15 ans, dans la nuit du 25 au 26 décembre 1999, puis le 27 décembre, deux tempêtes exceptionnelles balayaient le nord puis le sud de la France. Ces deux tempêtes d'une violence inouïes, baptisées Lothar et Martin, restent désormais connues sous l’appellation de "tempêtes du siècle".
La première tempête, prénommée "Lothar", était due à la conjonction d'un puissant jet stream en altitude (400 km/h à 8000 mètres d'altitude) et d'une profonde dépression en surface (960 hPa). Cette dépression s’est formée au large de Terre-Neuve avant de traverser l’Atlantique en moins de 24 heures. Elle a dévasté, dans la journée du 26 décembre 1999, le nord de la France, la Suisse, l'Allemagne et le Danemark, causant des dommages sans précédent avec des vents jusqu'à 259 km/h. La forte tempête liée à cette très profonde dépression a touché la Bretagne à environ 2 h du matin et quitté notre territoire par l'Alsace à 11 heures ; elle s'est donc déplacée à plus de 100 km/h. Les vents les plus violents ont ravagé un couloir de 150 kilomètres de large (Bretagne - Normandie/Champagne-Ardenne - Lorraine et l'Alsace en passant par le bassin parisien). Elle a poursuivi sa route vers l'Allemagne, en y provoquant là aussi des dégâts très graves, similaires à ceux que l’on observe après le passage d'un cyclone tropical (forêts entières littéralement rasées, notamment dans les Vosges, des bâtiments entièrement détruits)...
La deuxième tempête lui succèda dès le 27 décembre : baptisée Martin, elle présente les mêmes caractéristiques que la première mais circule plus au sud : l'oeil traverse la France le long de la Loire et plonge vers les Alpes. La zone des vents tempêtueux balaie alors la moitié sud de la France, portant un coup fatal à l'économie française : forêts du sud ravagées (Limousin, Aquitaine, Auvergne...). Les rafales sont aussi puissantes qu'avec Lothar, atteignant 198 km/h à l'île d'Oléron, et localement 200 km/h en Corse et sur la Côte d'Azur.
Le bilan final est très lourd : outre des pans économiques qui s'effrondrent, la France compte 92 morts.
