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Mars 2012 / mars 2013 : de l'été à l'hiver
Par Gilles MATRICON, météorologue
mis à jour le
Les mois de mars se suivent… mais ne se ressemblent pas... Ainsi, après un mois de mars 2012 historiquement chaud et sec, ce mo
Les mois de mars se suivent… mais ne se ressemblent pas... Ainsi, après un mois de mars 2012 historiquement chaud et sec, ce mois de mars 2013 a également été exceptionnel, pour les raisons exactement inverses à celles de mars 2012…
Cette si grande différence s'explique par le contexte météo général, avec pour le mois de mars 2012, un vent de sud qui a soufflé constamment sur la France en raison d'un très puissant anticyclone étendu du Maghreb à l'Europe de l'Ouest, repoussant l'air froid vers des latitudes polaires. Changement de régime en mars 2013 avec la quasi-absence des hautes pressions, rejetées très au sud (Açores, régions sahéliennes) laissant le champ libre à un véritable boulevard d'air polaire humide sur tout le nord de l'Europe et de la France.
Un nombre de jours de gels excédentaire
Ainsi sur le nord de la France, on dénombre en mars 2013 une moyenne de 10 à 20 matinées où les gelées ont été observées (contre une moyenne de 5 à 10 pour un mois de mars classique). En mars 2012, seules 2 à 4 jours de gelées avaient été mesurées, toujours pour le nord de la France. L'exemple le plus saisissant étant celui de Lille qui a compté 15 jours de gel en mars 2013 contre un seul en mars 2012...
En plus d'être fréquentes, ces gelées ont été particulièrement sévères puisque certains matins enneigés, la température est descendue sous les -10°C ( à Lille, Creil, Beauvais, Evreux, Saint-Quentin, Charleville-Mézières et même Pontoise situé au nord de Paris). Pour Lille avec -10,5°C relevés et Beauvais avec -12,1°C, il s'agit de records de froid absolus pour un mois de mars !
Mais le pire est à venir puisqu'on a enregistré 2 journées consécutives sans dégel à Rouen ou bien Caen et Lille entre les 10 et 12 mars derniers... Il s'agit des journées sans dégel les plus tardives jamais relevées pour les villes citées.
Dans le sud, le froid a été plus de saison, avec un nombre de jours de gelées a été peu près conforme aux normales (7 à Toulouse en mars 2013 contre 6 habituellement).
Aucune journée de Printemps au nord en mars 2013
Si on compare maintenant les journées de mars 2012 et de mars 2013 qui ont compté des températures maximales supérieures à 20°C, force est de constater à quel point la situation est dissemblable ; ainsi en mars 2012, on dénombrait entre 5 et 10 jours où la température maximale a dépassé ce seuil (surtout en fin de mois qui fut véritablement exceptionnel et même estival puisqu'on a frôlé les 25°C dans le sud de l'Île-de-France par exemple). Pour ce mois de mars 2013, c'est le "0" pointé puisqu'aucune température maximale d'aucune ville du nord de la France n'a franchi ce seuil...
Un ensoleillement en berne au nord
Continuons notre comparaison avec le bilan d'ensoleillement : on se souvient qu'en mars 2012, l'astre du jour avait rayonné une bonne partie du mois ; c'est surtout dans le nord que l'ensoleillement s'est montré exceptionnel par rapport aux moyennes avec plus de 200 heures enregistrées du coté de Paris, Strasbourg, Nantes (contre 120 habituellement). Dans le Sud, jusqu'à 261 heures de soleil avaient été comptabilisées à Lyon. En fin de mois de mars 2013 5 journées consécutives n'ont pas vu passer un seul nuage dans le ciel hexagonal...
Ce mois de mars 2012 fut tellement ensoleillé que pour certaines villes, il s'est agi du mois de mars le plus ensoleillé de l'année !
Quel contraste avec ce mois de mars 2013 ! Un froid exceptionnel, une couverture nuageuse épaisse, un ensoleillement en berne (deux fois moins important qu'en mars 2012 qui a été historique il est vrai) : ainsi, à Lyon, avec 117 heures de soleil en ce mois de mars 2013, les 241 heures d'ensoleillement de mars 2012 ne semblent plus qu'un lointain et doux souvenir... A Strasbourg , avec 87 heures de soleil seulement, que l'on est loin des 215 heures de soleil de mars 2012... Idem pour Nantes avec 97 heures de soleil contre 207 heures un an plus tôt ou bien encore Clermont-Ferrand (102 heures en ce mois de mars 2013 contre 240 en mars 2012) ou bien encore Montpellier (145 heures contre 239 heures), Nice (136 heures contre 250 heures l'année précédente) et Cherbourg (70 heures contre 175 heures l'année d'avant)...
Nous arrêtons là ce comparatif il faut dire assez "déprimant"...
Des chutes de neige record au nord et des pluies record en Méditerranée
C'est véritablement à partir du 10 mars que l'offensive hivernale qui dure toujours dans le nord de la France a débuté avec des chutes de neige exceptionnelles sur les régions voisines de la Manche ; exceptionnelles à plusieurs titre. Tout d'abord, elles sont survenues au mois de mars (de telles offensives neigeuses sur d'aussi importantes superficies ont plus l'habitude de se produire au coeur de l'hiver, alors que météorologiquement, le mois de mars est un mois de printemps !). Sur les quantités de neige ensuite puisqu'on a relevé jusqu'à 50 cm de neige dans la région de Cherbourg ou bien encore sur le pays de Caux (des hauteurs de neige que l'on retrouve une fois tous les 10 ans en moyenne et une fois tous les 80 ans au mois de mars). Autre étonnement, ces chutes de neige n'ont pas précédées de redoux comme c'est souvent le cas au mois de mars ; au contraire, le froid s'est accentué par la suite... L'autre facteur surprenant est que cette neige s'est accompagnée de rafales de vent d'Est, avec de très imposantes congères qui se sont formées sur les chaussées et ont paralysé nombre d'axes routiers (nationale 13 bloquée pendant 24 heures entre Cherbourg et Caen ou l'A1 coupées entre Lille et Paris, par endroit rendue impraticable par le verglas) ainsi que fortement perturbé voire même paralysé la circulation des trains grande lignes entre Paris Saint-Lazare et la Normandie...
Une neige qui se maintient à la veille du premier jour du mois d'avril sur les bas-côtés de certaines départementales de la Seine-Maritime (vers Saint-Valéry-en-Caux).... et qui témoignent du froid qui a continué à se maintenir depuis cet épisode sur le nord de la France...
En cette fin de mois, la Basse-Normandie a de nouveau été touchée par la neige dans la nuit de samedi à dimanche, et plus particulièrement sur le département de l'Orne où la couche de neige a atteint les 4 à 8 cm au-dessus d'Alençon.
On termine cette rétrospective éprouvante d'un mois de mars 2013 catastrophique (par rapport à mars 2012) par les pluies en Méditerranée qui ont été très fréquentes et particulièrement abondantes en Côte-d'Azur et en Corse ; ainsi à Nice et à Cannes, avec près de 340 mm de pluies recueillis depuis début janvier dont 240 pour ce seul mois de mars 2013, il s'agit du mois de mars le plus pluvieux jamais observé pour ces 2 villes.
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Cette si grande différence s'explique par le contexte météo général, avec pour le mois de mars 2012, un vent de sud qui a soufflé constamment sur la France en raison d'un très puissant anticyclone étendu du Maghreb à l'Europe de l'Ouest, repoussant l'air froid vers des latitudes polaires. Changement de régime en mars 2013 avec la quasi-absence des hautes pressions, rejetées très au sud (Açores, régions sahéliennes) laissant le champ libre à un véritable boulevard d'air polaire humide sur tout le nord de l'Europe et de la France.
Un nombre de jours de gels excédentaire
Ainsi sur le nord de la France, on dénombre en mars 2013 une moyenne de 10 à 20 matinées où les gelées ont été observées (contre une moyenne de 5 à 10 pour un mois de mars classique). En mars 2012, seules 2 à 4 jours de gelées avaient été mesurées, toujours pour le nord de la France. L'exemple le plus saisissant étant celui de Lille qui a compté 15 jours de gel en mars 2013 contre un seul en mars 2012...
En plus d'être fréquentes, ces gelées ont été particulièrement sévères puisque certains matins enneigés, la température est descendue sous les -10°C ( à Lille, Creil, Beauvais, Evreux, Saint-Quentin, Charleville-Mézières et même Pontoise situé au nord de Paris). Pour Lille avec -10,5°C relevés et Beauvais avec -12,1°C, il s'agit de records de froid absolus pour un mois de mars !
Mais le pire est à venir puisqu'on a enregistré 2 journées consécutives sans dégel à Rouen ou bien Caen et Lille entre les 10 et 12 mars derniers... Il s'agit des journées sans dégel les plus tardives jamais relevées pour les villes citées.
Dans le sud, le froid a été plus de saison, avec un nombre de jours de gelées a été peu près conforme aux normales (7 à Toulouse en mars 2013 contre 6 habituellement).
Aucune journée de Printemps au nord en mars 2013
Si on compare maintenant les journées de mars 2012 et de mars 2013 qui ont compté des températures maximales supérieures à 20°C, force est de constater à quel point la situation est dissemblable ; ainsi en mars 2012, on dénombrait entre 5 et 10 jours où la température maximale a dépassé ce seuil (surtout en fin de mois qui fut véritablement exceptionnel et même estival puisqu'on a frôlé les 25°C dans le sud de l'Île-de-France par exemple). Pour ce mois de mars 2013, c'est le "0" pointé puisqu'aucune température maximale d'aucune ville du nord de la France n'a franchi ce seuil...
Un ensoleillement en berne au nord
Continuons notre comparaison avec le bilan d'ensoleillement : on se souvient qu'en mars 2012, l'astre du jour avait rayonné une bonne partie du mois ; c'est surtout dans le nord que l'ensoleillement s'est montré exceptionnel par rapport aux moyennes avec plus de 200 heures enregistrées du coté de Paris, Strasbourg, Nantes (contre 120 habituellement). Dans le Sud, jusqu'à 261 heures de soleil avaient été comptabilisées à Lyon. En fin de mois de mars 2013 5 journées consécutives n'ont pas vu passer un seul nuage dans le ciel hexagonal...
Ce mois de mars 2012 fut tellement ensoleillé que pour certaines villes, il s'est agi du mois de mars le plus ensoleillé de l'année !
Quel contraste avec ce mois de mars 2013 ! Un froid exceptionnel, une couverture nuageuse épaisse, un ensoleillement en berne (deux fois moins important qu'en mars 2012 qui a été historique il est vrai) : ainsi, à Lyon, avec 117 heures de soleil en ce mois de mars 2013, les 241 heures d'ensoleillement de mars 2012 ne semblent plus qu'un lointain et doux souvenir... A Strasbourg , avec 87 heures de soleil seulement, que l'on est loin des 215 heures de soleil de mars 2012... Idem pour Nantes avec 97 heures de soleil contre 207 heures un an plus tôt ou bien encore Clermont-Ferrand (102 heures en ce mois de mars 2013 contre 240 en mars 2012) ou bien encore Montpellier (145 heures contre 239 heures), Nice (136 heures contre 250 heures l'année précédente) et Cherbourg (70 heures contre 175 heures l'année d'avant)...
Nous arrêtons là ce comparatif il faut dire assez "déprimant"...
Des chutes de neige record au nord et des pluies record en Méditerranée
C'est véritablement à partir du 10 mars que l'offensive hivernale qui dure toujours dans le nord de la France a débuté avec des chutes de neige exceptionnelles sur les régions voisines de la Manche ; exceptionnelles à plusieurs titre. Tout d'abord, elles sont survenues au mois de mars (de telles offensives neigeuses sur d'aussi importantes superficies ont plus l'habitude de se produire au coeur de l'hiver, alors que météorologiquement, le mois de mars est un mois de printemps !). Sur les quantités de neige ensuite puisqu'on a relevé jusqu'à 50 cm de neige dans la région de Cherbourg ou bien encore sur le pays de Caux (des hauteurs de neige que l'on retrouve une fois tous les 10 ans en moyenne et une fois tous les 80 ans au mois de mars). Autre étonnement, ces chutes de neige n'ont pas précédées de redoux comme c'est souvent le cas au mois de mars ; au contraire, le froid s'est accentué par la suite... L'autre facteur surprenant est que cette neige s'est accompagnée de rafales de vent d'Est, avec de très imposantes congères qui se sont formées sur les chaussées et ont paralysé nombre d'axes routiers (nationale 13 bloquée pendant 24 heures entre Cherbourg et Caen ou l'A1 coupées entre Lille et Paris, par endroit rendue impraticable par le verglas) ainsi que fortement perturbé voire même paralysé la circulation des trains grande lignes entre Paris Saint-Lazare et la Normandie...
Une neige qui se maintient à la veille du premier jour du mois d'avril sur les bas-côtés de certaines départementales de la Seine-Maritime (vers Saint-Valéry-en-Caux).... et qui témoignent du froid qui a continué à se maintenir depuis cet épisode sur le nord de la France...
En cette fin de mois, la Basse-Normandie a de nouveau été touchée par la neige dans la nuit de samedi à dimanche, et plus particulièrement sur le département de l'Orne où la couche de neige a atteint les 4 à 8 cm au-dessus d'Alençon.
On termine cette rétrospective éprouvante d'un mois de mars 2013 catastrophique (par rapport à mars 2012) par les pluies en Méditerranée qui ont été très fréquentes et particulièrement abondantes en Côte-d'Azur et en Corse ; ainsi à Nice et à Cannes, avec près de 340 mm de pluies recueillis depuis début janvier dont 240 pour ce seul mois de mars 2013, il s'agit du mois de mars le plus pluvieux jamais observé pour ces 2 villes.
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