Route du Rhum–La Banque Postale : le rôle du météorologue
Vents, courants, perturbations, cyclones…Au milieu de l’océan, les conditions météo jouent un rôle d&eacu
Vents, courants, perturbations, cyclones…Au milieu de l’océan, les conditions météo jouent un rôle décisif dans le bon déroulement d’une course transatlantique telle que La Route du Rhum – La Banque Postale 2010.
Afin que cette grande aventure ne se transforme pas en terrible cauchemar, le bureau d’études METEO CONSULT est chargé d’assister les skippers dans leur périple.
Le rôle de la météo : sécurité et tactique !
Directeur technique et co-fondateur de la société METEO CONSULT, Eric Mas est l’interlocuteur privilégié de ceux qui ont choisi de braver les conditions les plus extrêmes lors de cette édition 2010 : « Notre rôle auprès de l'organisateur, Pen-Duick, et du Directeur de Course, Jean Maurel, est d’apporter toutes les informations météo nécessaires, tant à la planification qu'à la sécurité. Il faut, pour anticiper tous les risques, avoir en permanence une analyse fine de l'ensemble du plan d'eau depuis le départ jusqu'à l'arrivée. Actuellement, il faut surveiller en même temps les perturbations au large de la France, un vaste système dépressionnaire orageux dans le sud-ouest des Açores, ainsi que les dépressions tropicales au large des Antilles. En ce qui concerne les skippers, nous avons limité à deux concurrents l'assistance météo en direct. Ces deux skippers ne sont pas en concurrence et attendent beaucoup de nous dans le cadre de leur compétition. L'un navigue sur un monocoque de 12 mètres. Il s'agit de Fabrice Amedeo qui est un amateur averti. Lalou Roucayrol, lui, est skipper professionnel. Il court sur un trimaran de 15 mètres qu'il a construit lui-même. Ce ne sont donc pas les gros budgets de la course au large, mais des passionnés qui trouvent auprès de METEO CONSULT un soutien et le partage de la passion. » Des préoccupations de sécurité majeures, mais également, un atout important qui rentre directement en jeu dans les tactiques de course, comme l’explique le spécialiste : « chaque bateau a son propre potentiel de vitesse qui dépend des conditions météo dans lesquelles il navigue. Le skipper doit calculer si un détour pour aller chercher des conditions favorables peut être rentable. Mais il ne faut pas non plus que, pour aller vite un moment, il se retrouve dans une impasse… »
Une assistance personnalisée 24H/24
Comment s'organise alors la transmission d'informations entre le skipper et le météorologue ? « Pour les monocoques, le routage, c'est à dire l'assistance personnalisée pendant la course, est interdite. C'est donc avant le départ qu'un important travail de préparation a été fait avec Fabrice Amadeo. Pour Lalou Roucayrol par contre, le routage est autorisé. Nous avons donc défini ensemble une stratégie de course en fonction des conditions météo prévues à court terme, mais aussi à long terme (plus de 6 jours). Une fois dessinée à grand trait la route que l'on choisit de prendre, il faut affiner et s'adapter en permanence. On tient aussi compte de ce que font les autres concurrents, c'est de la tactique au jour le jour. La tactique est en fait au service de la stratégie, c'est-à-dire que l'on optimise en permanence des choix de très courts termes (quelques heures) pour aller au plus vite sur notre route stratégique. Nous avons au minimum une liaison toutes les 12 heures, mais nous pouvons aussi nous parler toutes les heures si les choses se précipitent. » Un interlocuteur principal, mais également toute une équipe au service d’un concurrent : « l'équipe fait une synthèse de toutes les informations à sa disposition et émet le scénario le plus probable. Nous utilisons tous les outils de prévisions météo, mais aussi des logiciels très spécifiques qui permettent de multiplier des simulations de route, comme SEAPRO. De nos discussions sortent aussi les possibilités de dérive de la situation et les risques que cela peut engendrer pour la sécurité et pour la compétition. Mais un seul d'entre nous est en contact permanent avec le skipper pour que la communication soit optimale » rappelle Eric Mas.
La marine, une spécialisation indispensable
Si une formation météo de pointe apparaît comme indispensable, faut-il pour autant être spécialisé dans la marine pour mettre son expertise au service des plus grandes courses ? La réponse d’Eric Mas est catégorique : « oui bien sûr. Il faut être météorologue spécialisé en marine (n’oublions pas que ce sont les vents et les vagues qui commandent la course) et bien connaître les fonctionnements et potentiels des voiliers. Il est aussi nécessaire de savoir instaurer une grande complicité avec le skipper car tout le dialogue est basé sur la confiance ».
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