France : intensité des vagues de froid
Alors que cet hiver 2009 - 2010 s'annonce probablement comme l'un des plus froid depuis 1997 pour la deuxième année consécutive

Alors que cet hiver 2009 - 2010 s'annonce probablement comme l'un des plus froid depuis 1997 pour la deuxième année consécutive, et qu'une nouvelle période froide est attendue cette semaine et pour au moins une dizaine de jours, c'est l'occasion de revenir sur la notion de "vague de froid " et d'apporter quelques nuances dans leurs intensités. Quand parle t'on de vague de froid ? Pour parler de " vague de froid " en France, les météorologues s'accordent à donner la définition suivante : au moins deux jours consécutifs de grands froids sur une étendue géographique significative, avec des températures nettement inférieures aux moyennes statistiques saisonnières pour les régions concernées. Il peut s'agir de froid sec ou accompagné de chutes de neige. Le vent renforce la sensation de froid : on parle alors de " température ressentie " ou de windchill. Ainsi, en fonction de ces paramètres (durée de l'épisode froid, intensité du froid et extension géographique), les météorologues définissent des seuils (tout comme pour les canicules): - vagues de froid de faible intensité ( exemples : hiver 2005, hiver 2009, et probablement celui en cours). - vagues de froid d'intensité modérée ( exemples: 2003, 2001, 1991...) - vagues de froid de forte intensité ( exemples : 1971, 1987, 1997). - vagues de froid d'intensité exceptionnelle ( exemples : 1956, 1963, 1985). Les vagues de froid les plus intenses : Même si on en avait un peu perdu l'habitude dans la décennie 1998 - 2008, qualifiée de " décennie chaude ", la France a connu des hivers extrêmement rigoureux par le passé. Nous ne reviendrons pas ici sur les hivers historiques des les 18è et 19e siècle, où la température était tombée à -25°C à Paris lors de l'hiver 1879 - 1880 ( on traversait la Seine à pied sur la glace...). Les hivers de référence sont étudiés depuis les années 1950, avec à cette époque 2 hivers consécutifs froids : 1947 et 1948. Depuis 1950 : le mois de février 1956 est caractérisé par une vague de froid d'intensité exceptionnelle : du 31 janvier au 28 février, l'air froid scandinave déferle sur la France jusqu'en Méditerranée. Le gel est quasi permanent, avec des valeurs atteignant -17° à Paris, -19° à Toulouse et -25° à Nancy. Les fleuves sont entièrement pris par les glaces, y compris la Seine, et une banquise se forme sur le littoral de Mer du Nord et localement en Manche... Mais l'hiver le plus froid restera celui de 1962 - 1963, avec un écart global de température sur toute la saison d'environ -5°C ( à titre de comparaison, notre mois de janvier 2010 a enregistré un déficit global de -2°C en moyenne, et décembre environ -1° ). Cet hiver-là, le gel avait été quasi continu de la mi-novembre à la mi-mars, et les grands fleuves français étaient pris par les glaces. On avait relevé -23°C à Lyon et -26° à Vichy, tandis que les températures maximales ne remontaient pas au-dessus de - 10°C dans des villes telles que Strasbourg ou Lyon... Une série d'hivers froids d'intensité modérée surviennent entre 1978 et 1981 : nous retiendrons le mois de janvier 1979 (qui avait surtout concerné la moitié nord de la France) : deux tempêtes de neige paralysèrent un axe allant de la Normandie, à la Beauce et à l'Ile-de-France, avec des congères de plus de 2 mètres dans l'Orne, et 80 cm de neige autour de Chartres. Le thermomètre avait atteint -19°C à Caen, et restait bloqué à - 6°C au meilleur de la journée. La vague de froid survenue en janvier 1985 fut d'une intensité exceptionnelle, avec -20° à Caen, (l'Orne avait gelé), -20° à Reims et Mont-de-Marsan. Le bassin d'Arcachon était tranformé en banquise...Cette année-là, la côte d'Azur est ensevelie sous la neige (40 cm à Nice, où il fait -7°C)...Des pointes à -27° sont enregistrées dans les collines de Normandie! Lors de ces vagues de froid, les températures diurnes ( c'est à dire : les maxi relevés en cours de journée ) restent bien souvent inférieures à -10°C, parfois même -13° comme à Paris en 1987 ! Enfin, plus près de nous, on trouve des vagues de froid dite " de faible intensité " (localement modérée) lors des hivers 2001, 2003, 2005, puis 2009 et 2010. Et cet hiver : vague de froid intense? A ce jour, la réponse est non ! En cette mi-février, l'on devrait rester dans une vague de froid " d'intensité faible à modérée " par rapport à ce que l'on vient de dire ci-dessus. Les précédentes vagues de froid du mois de décembre et de janvier peuvent être qualifiées de faibles à modérées car les valeurs extrêmes (hors records très ponctuels) n'ont pas été durables, même si les - 20°C relevés en Essonne ont battu le précédent record de 1985 ! Les chutes de neige du 10 janvier dernier dans le Centre-est figurent aussi parmi les plus fortes depuis 1985. Mais dans la globalité, les températures diurnes ( les " maxi " ) n'ont pas constitué de froid record (sauf localement en décembre sur le nord-est). Le scénario envisagé l'actuelle vague de froid ressemble à ce que l'on a connu en janvier : assez durable, avec un ressenti parfois très froid en raison du vent, et ponctuée de quelques épisodes neigeux parfois perturbateurs...Mais le redoux est attendu dans le courant de la semaine à venir... Et la neige en plaine ? Si les grandes vagues de froid s'accompagnent souvent de chutes de neige parfois paralysantes en plaine, ce sont en général les mêmes régions qui en sont victimes : - les côtes de la Manche et les collines limitrophes :en raison du passage de l'air froid au-dessus de la mer plus chaude, l'instabilité est renforcé et génère des chutes de neige. On observe le même phénomènes au-dessus des Grands-Lacs américains, tel le Lac Michigan par exemple.... - le pourtour méditerranéen : pour la même raison, lorsque l'air très froid descend jusqu'en Méditerranée. Il se charge d'humidité et la neige peut tomber en abondance de Perpignan à Marseille et à Nice. - le Centre-Est : les perturbations neigeuses viennent se bloquer contre les reliefs ( Jura, Alpes...) et provoquent des chutes de neige souvent durables, coincées dans le couloir rhodanien. Le cas de l'Ile-de-France : Le bassin parisien échappe bien souvent aux importantes chutes de neige, même si quelques centimètres suffisent à perturber le trafic! mais les réelles chutes de neige se déclenchent surtout lorsqu'une dépression venant de l'ouest passe au niveau de la région : au contact de l'air froid, la neige tombe à la place de la pluie, mais ce concours de circonstance est rare (1979, 1987...).