Un hiver doux en 2009-2010 ? La conséquence du retour d’El Nino !
Les températures très largement négatives (-15° ou –18° dans certaines régions) en janvier et févr
coucher de soleil sur la glace © phernandez
Les températures très largement négatives (-15° ou –18° dans certaines régions) en janvier et février derniers ne devraient pas être d’actualité l’hiver prochain en France. Grâce à qui ? Grâce à El Niño, la phase chaude d'une oscillation couplée de l'océan et de l'atmosphère. Il a été baptisé ainsi au XIXe siècle par les pêcheurs péruviens, qui remarquaient ses effets au moment de Noël - en espagnol, El Niño signifie l'enfant, en référence à la nativité !
Ses caractéristiques : une augmentation des températures du Pacifique tropical qui peut atteindre 5 C - comme ce fut le cas en 1998, au cours du Niño le plus intense jamais enregistré.
Ce réchauffement s'accompagne d'une série d'effets parfois catastrophiques pour les populations rurales, de l'Amérique du Sud à l'Australie en passant par l'Asie du Sud-Est.
Des précipitations accrues dans certaines régions d'Argentine ou du Brésil perturbent alors les récoltes et provoquent parfois de meurtrières coulées de boue. En Indonésie et en Australie, ce sont des sécheresses parfois dramatiques qui sont enregistrées. Aux Etats-Unis, El Niño est susceptible de favoriser de violentes tempêtes hivernales en Californie et dans le sud du pays.
D’autres conséquences non moins redoutables : l'augmentation de la température des eaux de surface du Pacifique tropical entrave la remontée des eaux profondes riches en nutriments. Du coup, au large des côtes péruviennes et chiliennes, les planctons cessent de prospérer, les poissons qui s'en nourrissent aussi. La fragilisation de toute la chaîne alimentaire induit une forte réduction des prises de pêche.
Les effets en cascades ne s'arrêtent pas là : la réduction de l'activité biologique dans l'océan entraîne la réduction des populations d'oiseaux de mer, d'où une fragilisation momentanée de l'industrie du guano - prélevé pour être transformé en fertilisants agricoles...
Des effets positifs : il procure des précipitations hivernales bénéfiques dans le sud-ouest aride" des Etats-Unis et "réduit les risques d'incendies en Floride".
Conséquences économiques : Depuis quelques années, le monde financier s'intéresse de près à la prévision d'El Niño : celui-ci peut permettre d'anticiper les évolutions à moyen terme des cours de certaines matières premières. Avec des hivers doux sur l'Amérique du Nord et la réduction de l'activité cyclonique dans le bassin atlantique, les dépenses de chauffage vont baisser et la réduction des cyclones sur l'Atlantique devrait prémunir les infrastructures pétrolières du Golfe du Mexique contre les destructions.
Enfin, sur le plan climatique, l'irruption du Niño devrait faire grimper les températures moyennes globales de l'année en cours et pondérer un début d’année froid en Europe occidentale notamment.
Arguments modérateurs concernant ce possible hiver doux:
La prise en compte seule du phénomène El Nino n'est pas suffisant pour déterminer de façon catégorique la tendance de l'hiver prochain. D'autant plus que cette année, le nouvel El Nino s'annonce faible à modéré, et que les " réserves de froid " sont restées importantes sur les régions nordiques, même cet été (Groenland, zone polaire, nord de la Sibérie...), avec le maintien des glaces de mer sur des zones à nouveau plus vastes qu'au cours de ces 10 dernières années.
Tous ces facteurs font qu'une incertitude reste de mise pour l'hiver prochain! ainsi, même s'il s'annonce globalement moins froid au niveau de l'hémisphère nord, des anomalies froides semblent vues par les modèles de prévisions saisonnières, en particulier pour décembre-janvier du coté de l'Europe Centrale et la Russie.
Il reste donc un risque de vagues de froid non négligeable pour la France cet hiver, même si la configuration générale y semble moins propice qu'en 2008/2009.
D'autres arguments...
Dans un contexte mondial où la communauté scientifique semble plus partagée concernant le changement climatique, de nouvelles pistes sont envisagées à propos de l'évolution du climat vers un arrêt du réchauffement global, voire même vers un refroidissement qui serait entamé depuis l'année 2007. L'activité solaire, au ralenti depuis plusieurs mois, retient l'attention, mais l'impact sur le climat ne serait pas visible de façon aussi immédiate (à voir sur l'échelle de la décennie serait plus raisonnable)...Ces considérations climatiques font l'objet de débats, et engendrent un nouveau courant de pensée qui serait que la période de réchauffement qui culmina entre 1998 et 2003 serait peut-être une variation naturelle, avec par conséquent une réelle incertitude sur les tendances futures et sur l'autorégulation de la machine climatique mondiale...