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Canicule : quels sont les signes annonciateurs?

Par Regis CREPET, météorologue
mis à jour le

Canicule : facteurs déclencheurs. Une canicule est-elle envisageable cet été sur la France? Alors que les premiè

Seuil canicule © La Chaîne Météo

Canicule : facteurs déclencheurs. Une canicule est-elle envisageable cet été sur la France?

Alors que les premières tendances saisonnières faisaient état d'un "possible été chaud" sur la France, en particulier pour les mois de juin et de juillet, les résultats les plus récents révisent à la baisse la chaleur, écartant pratiquement tout risque de canicule, au sens strict du terme. Rappelons qu'une canicule se définit par une succession d'au moins trois jours et trois nuits de températures excessivement chaudes (dont les seuils sont variables en fonction des régions bien sûr, et qui sont définis par les services sanitaires et les prévisions météorologiques). Ainsi, une période de forte chaleur de quelques jours n'est pas considérée comme une canicule si les nuits sont assez fraîches, par exemple.

Ainsi, les prévisions saisonnières, qui sont établies sur des modèles numériques "climatiques", servent de base pour tenter de déterminer un risque de canicule pour la saison à venir, même si un événement météo de quelques jours ne saurait être anticipé par ces modèles! il faut donc une conjonction de signaux qui alertent les météorologues: contrairement à ce que l'on a cru, la canicule de 2003 fut précédée de signes avant-coureurs qui rappelaient la situation de 1976, l'année de la grande sécheresse. Dès le mois de mars 2003, la configuration météorologique globale sur l'Europe de l'ouest semblait propice, avec la formation d'un anticyclone mobile polaire qui bloquait le passage des perturbations atlantiques, asséchant la masse d'air et les sols.

Justement, qu'est-ce qui déclenche les canicules en France, et plus généralement en Europe Occidentale? Après 2003, une étude avait été menée par Robert Vautard, directeur du LSCE (Laboratoire des sciences du climat de Saclay/CEA, CNRS) et Pascal Yiou (également du LSCE), mettant en évidence le lien étroit entre "sécheresse" et "canicule".

Leur étude montre que les canicules en France sont souvent associées à des hivers secs dans une large bande, allant de l'Espagne au nord de l'Italie en passant par les Pyrénées et le Midi de la France. "C'est la naissance du signal" , explique Pascal Yiou. C'est nécessaire mais toutefois pas suffisant. Pour que la canicule s'installe véritablement, en effet, il faut en plus que la circulation atmosphérique soit bloquée durant l'été sur l'ouest de l'Europe. Or le blocage, lié à la présence d'un anticyclone, est très aléatoire et donc imprévisible.

Pour rechercher les signes annonciateurs de canicule, l'équipe conduite par Robert Vautard avait d'abord sélectionné les dix étés européens les plus chauds au cours des 70 dernières années (1950, 1952, 1959, 1964, 1976, 1983, 1992, 1994, 1995 et 2003), puis a analysé les données pluviométriques dans plus de cent sites en Europe lors des hivers ayant précédé les canicules. Ils se sont alors aperçus qu'à chaque fois, la sécheresse avait été très marquée dans le nord-ouest de la Méditerranée.
La corrélation est confirmée par un modèle climatique. Le scénario est le suivant : au début de l'été, la sécheresse et la chaleur remontent progressivement de la zone méditerranéenne vers le continent européen, poussée par des vents du sud anormalement secs. Les fortes chaleurs s'installent. Pour les climatologues, l'étude montre que l'humidité des sols en zone méditerranéenne joue finalement un rôle clé dans le maintien de températures relativement clémentes durant l'été. On peut d'ailleurs en déduire que la déforestation massive de cette région au Moyen Âge a pu modifier le climat européen. L'effet du changement du sol sur le climat fait d'ailleurs l'objet d'une étude internationale.

Pour cette année 2009, malgré l'amorce d'une période chaude durable ces prochains jours, le risque d'une canicule estivale semble vraiment faible sur la France. Pourquoi? bien que la saison présente des similitudes avec 2005 et 2006 (hivers secs, relativement froids, suivis de fortes vagues de chaleur en juin...), l'humidité des sols serait trop marquée depuis le début du printemps sur les trois-quarts de notre pays. Même si l’influence africaine semble l'emporter provisoirement sur le sud-est de la France, cet épisode estival précoce ne devrait pas réussir à s'étendre durablement vers le nord, même si de tels épisodes augurent souvent d’un été chaud, suivant le principe de récurrence. Mais pourtant, l’excellent niveau du contenu en eau des sols après 18 mois de précipitations abondantes sur le sud de l’Europe devrait plutôt tendre à limiter les fortes chaleurs durant les mois d'été.

A quoi s'attendre cet été?

La conjonction de ces divers paramètres que nous venons d'évoquer (chaleur latente et forte humidité des sols) devait au final aboutir à une saison très orageuse, ce que nous relevions déja dans nos bulletins de synthèse des prévisions saisonnières depuis plusieurs mois. Pour la suite, une tendance globale chaude et assez sèche devrait réussir à s'installer par périodes en juillet sur la France (voir notre synthèse des Prévisions saisonnières), mais sans pour autant aboutir à une canicule. L'hygrométrie élevée sera au contraire propice au déclenchement d'orages, facteur rafraîchissant selon le principe du brassage de la masse d'air et de l'évaporation qui s'en suit. Et même en l'absence éventuelle d'orage, les nuits au ciel dégagé favorisent la condensation de l'humidité des sols, facteur également rafraîchissant des basses couches de l'atmosphère.

En conclusion, on peut donc s'attendre à un été marqué par des journées de temps chaud et sec. Mais au vu des conditions que nous connaissons depuis le mois d'Avril, le risque de canicule ne semble pas particulièrement menaçant, le signal de la canicule démarrant généralement en mai.

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